« Y a quoi après la vie ? » demande le gamin.
Son aïeul aussitôt brandit un parchemin
jadis reçu des mains de ses propres ancêtres
et dont l’enseignement varie selon les maîtres…
Bien qu’en tous cas il serve une unique ambition :
tromper la mort, rallier de ces destinations
promises dans les mots que le papier morcelle,
mais qui, dans certains yeux, jettent des étincelles :
PARADIS ! NIRVANA ! ENFERS OU WALHALLA !!
Le catalogue est grand ouvert sur l’Au-delà !
On le préfèrera à cet usage ancien
qui confine au tombeau : c’est chez les Egyptiens
que les morts, embaumés, sous leurs bandes conspirent
leur prochaine évasion. Momifié ? Quoi de pire ?!
Amis de l’océan les Vikings apprécient
un dernier coup de vent pour les pousser « at sea » :
une épée à la main, couchés sur leur vaisseau,
ils rejoignent Odin par les airs et les eaux.
Les Grecs, plus sensuels, descendent au jardin.
Ils passent des douaniers monstrueux et radins
pour boire tout le vin du fin fond de la Terre !
Les fidèles à Dieu prient pour qu’on les enterre
à l’ombre du dessin géométrique élu,
croix, étoile ou croissant assurant le Salut.
Les Hindous, quant à eux, procèdent par les flammes
pour détruire le corps et recycler leur âme.
A cela les Parsis mandatent les vautours…
Comment vais-je partir lorsque viendra mon tour ?
J’appréhende beaucoup de laisser à mes proches
de décider pour moi, j’en ferai des reproches !
Alors à mes amis je laisse une consigne,
je la lis, la relis, et en bas je la signe :
Quand je serai passé de la vie au trépas,
faites de ma dépouille un ultime repas
et y allez servir mon cadavre en pâture
au plus beau des lions, au Roi de la Nature.
Que sa patte feutrée me ceigne d’une étreinte
douce et forte à la fois, pour dissiper mes craintes,
tandis qu’il posera son museau sur mes joues,
puis baisera mes bras, mes cuisses ou mon cou.
Mettons qu’il me rudoie, hâté par l’appétit,
ne vous détournez pas : je serai, tout petit,
à l’entrée du palais aux colonnes d’ivoire
sur un tapis vermeil, pour vous dire « au revoir ! ».
Puis je disparaîtrai, délaissant les morceaux
chamarrés de ma vie : des souvenirs, des os
que le Roi lèchera avec affection,
jusqu’à plonger, repu, dans un sommeil profond.
Je dormirai aussi, couché dans la fourrure
de son ventre ronflant, soleil en couverture,
et quand, la larme à l’œil, vous fixerez la bête
c’est moi que vous verrez, mais couronné, en fait.
c’est très intéressant! j’avais lu un livre sur « la vie après la mort » de plusieurs religions, philosophies, etc….chacun son explication, son idée, quant à ce qu’il y a après…
Et ici, mis en vers, en plus….! sacré travail, j’admire!
A bientôt!
Joli boulot que voilà :) J’aime bien l’idée d’être donné aux lions…
Ma foi, fort surpris de trouver un site aussi sympathique sur un petit coup de tete
« tiens et si par le plus grand des hasards, je visitais ce site remettant a plus tard, mon envie de jouer en decelant dans l’art, le signe que cette nuit je me coucherai tard. »
J’aime beaucoup :)
Le choix du sol
Nous recevons la vie chacun à tour de rôle
Mais ce n’est pas un don, c’est faux, on nous la prête
Et quand vient le moment de rembourser sa dette,
Les autres débiteurs en prennent le contrôle.
Quand l’Huissier posera sa main sur mon épaule,
Accordez-moi, amis, cette ultime requête :
N’allez pas m’emmurer sous quelques statuettes,
Je veux un grand jardin, surtout pas une geôle.
Enterrez-moi plutôt sous la graine d’un saule :
Ses racines bientôt viendront à ma conquête,
Puiseront dans ma peau, mes muscles, mon squelette,
Elles s’inspireront de tout ce qu’elles frôlent
Et découvrant dans l’arbre, un jour, ma silhouette,
C’est moi que vous verrez, mais libéré, en fait.
Joli poème, quant à l’au-delà… Belle évocation de toutes les traditions… J’aime bien =)
Bonne continuation, Nabolo, et bonne journée!
Salut, je viens lire tes poèmes, j’écris moi aussi et je me demandais par pure curiosité quels sont les poètes qui t’inspirent? je vois bien que tu t’y connais en versifications et autres termes barbares reliés à l’étude de la poésie.
J’aime bcp ce que tu écrit mais qu’est-ce que tu lit?
Perso j’aime le théâtre classique te les poètes romantique.
bises
Les poètes qui m’inspirent… Je ne me pose pas la question comme ça mais la réponse doit être Hugo, Brassens et Rimbaud.
Je lis (trop) peu.
Je suis très fier de mes petits poèmes, mais je ne m’explique pas comment j’arrive à les écrire… Parfois j’ai l’envie spécifique d’écrire des vers, et ça donne, par exemple, la première partie de ce poème, et d’autres fois, subitement, des vers me descendent dans la tête et je n’ai plus qu’à les écrire… et ça donne la deuxième partie de ce poème à partir de « Quand je serai passé etc. ».
Les deux parties ont été écrites à plusieurs années d’intervales et je les trouve de qualité nettement différente, quoique la première partie ait pour elle des rimes riches.
Ca te fait ça toi aussi ?