- Figurant Bollywood cinq jours de tournage dans la vie d’un (1/5)
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A 6h00 du matin nous sommes remontés tous les huit en voiture (Xavier me demandant sans cesse pourquoi j’avais dormi dans le couloir, et moi de lui répondre que je n’arrive qu’à dormir seul), direction le lieu du tournage : magnifique. Un lac perdu au milieu de montagnes verdoyantes, plus souffle-coupant encore qu’Inle Lake, en Birmanie. Mon contact m’avait dit que je jouerais les soldats Anglais… Il avait une fois de plus raconté n’importe quoi : j’allais jouer un soldat Portugais ! Embarqué au service de Vasco de Gama ! Au XVIème siècle et non pas au 19ème comme il me l’avait laissé croire ! J’allais devoir recommencer ma préparation mentale depuis le début : mon jeu en pâtirait sûrement.
On s’est fait habiller puis maquiller. Quand ils ont vu débarquer Xavier, le guerrier Portugais repris de justice sanguinaire dont la silhouette et le teint rappelle les petites fleurs, tous les Indiens se sont fendu la mangue. Les maquilleurs lui ont bardé la gueule de cicatrices mais rien à faire : il gardait ses airs de jeune fille. Incroyable l’habileté des maquilleurs n’empêche, il leur faut deux secondes pour faire une cicatrice : ils tracent une ligne au vernis qu’ils creusent avec une épingle, pour lui donner du volume. Ils n’ont plus qu’à colorer le sillon et la cicatrice est parfaite. S’ils enfoncent l’épingle un peu plus, la cicatrice est parfaite aussi, mais elle prend dix ans à démaquiller. J’ai eu droit à la mienne : un peu en-dessous de l’œil.
Quand on a récupéré nos chapeaux, on a compris pourquoi les Portugais n’avaient pas pu devenir une grande puissance coloniale : ces gens là n’avaient tout simplement aucun gout
vestimentaire.
Autant mes Indiens blonds n’étaient pas crédibles une seconde en tant que Britanniques, autant en tant que Portugais je trouvais même qu’ils en jetaient.
Pour notre première scène on nous a demandés d’entrer dans l’eau jusqu’à mi-couille et de nous dissimuler derrière des touffes de branches arrachées… genre camouflage. Un truc trop pas crédible mais ne sous-estimons pas la magie du cinéma. Derrière nous on avait des alliés autochtones où je ne sais pas quoi (on ne nous avait rien dit du scénario), qui eux aussi se les gelaient(1) en attendant que l’équipe termine les réglages de la caméra. Cela fait on a mis pied à terre(2) où l’on s’est fait prendre en embuscade par des Indiens(3), ce qui a déclenché la baston(4). Le tournage de ces quatre scènes a duré aussi longtemps que le jour, et ce soir j’en suis au moment où mon compatriote Portugais de droite (qui portait notre unique mousqueton) s’est fait déchiré la joue au couteau par un Indien-surpuissant-maître-en-arts-martiaux ; suite à quoi nous l’avons encerclé, avant que je fonce dessus comme un nigaud, l’épée devant, occasion qu’il a saisie pour m’attraper le poignet et me balancer dans les fourrés en me faisant faire deux tours sur moi-même.
A peine ai-je eu le temps de me relever que la journée de tournage était finie. Demain, je me le fais !
En rentrant ce soir dans notre petit nid d’amour, Xavier et moi, nous avons eu la désagréable surprise d’apprendre que nous serions séparés : faute de chambre, on doit se répartir dans celle des autres… Pourquoi dormir à deux quand on peut dormir à trois ? Perso j’ai insisté pour dormir par terre, et j’écris ces lignes depuis mon matelas. Derrière moi, mes compagnons de chambre pètent sans complexe : en Inde il est bon d’expulser tout ce qui est impur, c’est le signe de la propreté. Voilà (peut-être ?) qui explique le phénomène… Mais pas comment je vais m’en tirer.
RAJOUT DE JUILLET 2012 : le film est sorti ! Cliquez ici pour voir un extrait où j’apparais.
Le sérieux de cette article s’arrête à la première photo … :P