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(Mais non le titre n’a pas été choisi pour faciliter le travail des moteurs de recherche!)
…et puis on m’a proposé de jouer dans un film « historique ». Six jours dans une station de montagne m’avait expliqué mon contact, classé 52ème chez les types les moins fiables du monde, à jouer le méchant soldat Anglais qui se fait tabasser par les gentils Indiens.
C’était du gros cette fois, du bon film qui dure trois heures, selon le format local, soit dix fois plus que le court métrage de trente minutes dont j’ai tenu le rôle principal.
Pour ceux qui prennent l’histoire en cours de route, vous êtes sur l’excellent Nabolo-blog, dans la rubrique « Carnet d’un Penseur Contempourien » où je relate mes expérimentations de la « Philosophie de l’Aventure », notamment à Bollywood. Pas de vidéo, pas d’émission télé, je n’ai pas de sponsor et je suis mal équipé : vous allez devoir LIRE, oui, lire, je n’ai pas peur d’utiliser ce terme tombé en désuétude puisque ce blog n’ait autre que le renouvau de la litérature française, ni plus ni moins, en toute maudestie.
J’ai dit au revoir à Mowglita et Baloota, mes deux hôtesses Indiennes, avec des larmes au fond des yeux (elles m’avaient rousté au scrabble trois fois d’affilé), bouclé mon sac-à-dos et je suis parti. Rendez-vous dans un quartier de Mumbai où une voiture et sept personnes m’attendaient. Quand j’ai vu leurs tronches, j’ai tout de suite pensé à fuir… Mais tout ça puait l’aventure à dessous de bras : je ne pouvais pas reculer.
Il y avait là trois blonds-au-henné de ceux qui, parce qu’ils n’ont pas les cheveux ni la peau tout à fait noirs, passent pour des Occidentaux… ou du moins comblent leur absence dans les publicités ou les séries télé (cf : cet article). L’un d’eux en particulier avait une tronchasse de cinéma (ça tombait bien) : imaginez vous Averell Dalton en vrai, le menton, le nez, le visage avec les mêmes proportions. Une gueule quoi. A part ces trois Indiens blonds il y avait encore deux moustachus : le chauffeur et le « responsable ». Un vrai blond venait en sixième : Ragnar, le Suédois, d’autant plus un homme du nord qu’il s’est scarifié des flocons partout sur la peau (entre les tatouages). Ca rend assez bien, sauf pour les essais ratés. La septième personne était une jeune femme répondant au doux nom de Xavier, Française de loin, Français de près.
Comme j’étais en retard on n’a pas tergiversé longtemps et on est tous parti séance tenante vers cette fameuse « station de montagne », le genre de lieu qu’affectionnent les Indiens pour y passer le week-end. J’étais assis à côté de Xavier qui en a profité pour partager avec moi son histoire et me confier son homosexualité (pas l’inverse).
Dans la voiture, l’ambiance n’était pas vraiment sympa : Averell fumait bien que je lui aie poliment demandé de s’abstenir (je me jurais de lui vomir dessus à la première occasion) ; le Suédois dormait ; les Indiens parlaient entre eux ; Xavier me parlait.
Nous nous sommes arrêtés dans un des restos du bord de la route au milieu de laquelle nous avions failli perdre la vie autant de fois que nous hélicoptères croisé de voitures. Une gentille petite chienne remuait la queue entre les tables du restaurant où nous étions assis (il y a des chiens partout en Inde : ce sont des chiens des rues, ils n’ont pas de maîtres)… Averell a mis le pied sur son dos. Au début j’ai cru que c’était affectueux, puis il a appuyé dessus pour la forcer à s’asseoir. La chienne s’est laissé faire, les yeux pleins d’amour, et Averell lui a donné un grand coup de pied dans le ventre en rigolant. La petite chienne est partie en couinant.
A cet instant précis je suis en Inde, loin de chez moi, sans amis, sans soutien, sans assurance vie, sans garantie que quelqu’un interviendra si je me lance dans une baston avec ce géant de deux mètres. Par ailleurs je n’ai pas de bouteille en plastique à portée de mains (pour ceux qui ne le savent pas encore, c’est mon arme de prédilection)… De plus le mal est fait, la chienne est partie, on ne peut pas revenir en arrière, et autres mauvaises excuses pour justifier que je n’ai pas mis mon poing dans la gueule de ce connard. Je me suis donc contenté de lui demander :
– Why the fuck did you do that ?! (notez la violence des termes employés, dont l’usage n’est pas exempt d’une certaine bravoure)
Il m’a répondu que ces chiens n’étaient que des parasites et des ordures. Je lui ai dit que rien ne justifiait l’usage de la violence contre moins fort que soi (j’ai lu tous les bouquins de Musclor), et il a eu cette phrase : « This is India my friend, everything is possible ». Je me suis juré de la lui ressortir plus tard au bon moment, pourquoi pas après avoir crevé les pneus de la bagnole, juste avant de leur faire faux bond ?
En attendant (pas vraiment mais c’est pour faire une transition) on est reparti vers puis dans la montagne. On s’est soudainement retrouvé en altitude, dans des paysages émeraude. La mousson vient de finir et la nature a fait le plein de chlorophylle : on se serait cru dans des hectares et des hectares de vergers et de jardins sans jardiniers. Ce faisant je continuais d’écouter les généralités de Xavier sur la corruption des politiques et la paix dans le monde qui tardait à venir, ainsi que d’autres conneries que je n’ai pas retenues (sans pour autant que ça m’empêche d’alimenter le débat avec ma « philosophie de comptoir », comme dit mon père, qui est un baby-boomer : ne faites pas attention, il essaye juste de saper ma révolution). Une fois arrivés à l’hôtel, j’ai eu la bonne surprise de découvrir qu’on allait partager la chambre, et une fois dans la chambre, qu’on allait partager le lit : format double tirant sur le un et demi. J’espérai que Xavier avait compris que je m’intéressais surtout aux femmes, les trois quarts de 5000% du temps. J’ai eu un doute quand il a défait sa chemise pour se jeter, torse nu, en travers de notre lit ; doute qui a perduré lorsqu’on a regardé la télé et qu’il n’a pas eu le reflexe de se ranger sur le coté pour me faire de la place. A ce stade là, j’ai pris les choses en mains : j’ai téléphoné à une amie… pour qu’elle me rassure. J’avais peur. Même Musclor peut flancher, parfois. Mon amie m’a sagement rappelé que ce n’était pas parce que Xavier était « homo » qu’il allait se jeter sur moi. Chose que je savais déjà mais que j’avais besoin de réentendre. Ca m’est arrivé rarement de rencontrer des homos entreprenants (je veux dire de ceux que ça n’intéressent pas de savoir qu’ils ne m’intéressent pas) mais quand s’est arrivé c’était hyper chiant. En général j’ai un bon a priori envers les personnes qui assument leur sexualité (c’est le cas de beaucoup de ceux qui répondent au nom de « homosexuels »), parce que selon les situations il faut parfois beaucoup de courage pour faire cela, et que le courage est une qualité que j’estime. Je suis moins fan des j’ai-telle-sexualité-parce-que-c’est-la-mode (creux), ou des je-n’-assume-pas-ma-sexualité (lâches), même si encore une fois je respecte tout le monde (comprendre ces lignes à la lumière de l’article « les et la sexualité »), et j’exècre l’intolérance sexuelle, ce qui inclut les homosexuels qui ne respectent pas le fait que, bien qu’ouvert d’esprit et tolérant (et beau), je sois exclusivement attiré par les femelles femmes de sexe féminin… Assez conformiste, pas trop à la mode, mais on ne discute pas des gouts et des couleurs, et il faut respecter ce point de vue là aussi.
Xavier m’a montré sa petite culotte rayée rose (véridique : ça aurait été trop cliché de l’inventer) quand il est allé prendre sa douche, puis il m’a rejoint dans notre grand lit simple. J’ai eu du mal à trouver le sommeil, mais pas les jambes et les bras de Xavier qui s’étendaient un peu partout. Ca sentait le coup fourré. J’ai voulu lui demander de me laisser un peu de place, en l’appelant par son prénom, dans la moiteur obscure de la pénombre de la chambe sombre :
– Xavier…? Xavier…?
Il dormait, apparemment. J’ai donc entrepris de le poussoter vers le mur… Mais au moment où j’ai appuyé ma main sur son épaule, il a soupiré, a écarté un peu plus les bras et roulé à l’endroit où j’aurais du me trouver si je n’étais pas en train de tenter de récupérer de la place. Belle esquive par anticipation ! Je n’étais pas sorti d’affaire pour autant… C’est alors que, une fois de plus, la philosophie de l’aventure est venue à mon secours ! Mais peut-être pas de la manière que vous croyez… Car qu’est-ce que la philosophie de l’aventure sinon cette force qui me pousse à essayer sans cesse de nouvelles choses ? Et n’était-ce pas là l’occasion rêvée d’essayer une nouvelle chose ? J’ai hésité (ça, je peux vous le dire !), et puis ou bout d’un moment j’ai mis mes préjugés de côté et je me suis jeté à l’eau. Ca fait un peu mal, au début, mais on s’habitue très vite. Et pourtant c’était la première fois pour moi, que je dormais par terre dans un couloir (sans avoir bu). Par ailleurs ça n’a pas duré longtemps : je me suis rendu compte qu’il y avait un petit hall au bout, avec des canapés, et c’est là-bas que j’ai fini ma nuit…
T’es pas chiche de lire l’épisode suivant!
RAJOUT DE JUILLET 2012 : le film est sorti ! Cliquez ici pour voir un extrait où j’apparais.
Tu me fais rêver! :)
Tu peux nous raconter la vraie histoire maintenant stp? Vous etes ensemble Xavier et toi depuis cette nuit torride?
Huhu. J’avais eu le même genre d' »aventure » une fois en France… Y’avait pas de canapés dans le couloir, j’avais fini dans
la voiture…
« du bon film qui dure trois heures, […]soit dix fois plus que le court métrage de trente minutes »
Tu as bien fait de choisir acteur/écrivain/aventurier comme métier, pour les maths je crois que c’est mort :s
Salut l’ami,
Je me demandais ce que tu devenais ces temps-ci, et puis j’ai reçu le lien de ton teaser « avarice ». Me doutant, après avoir découvert cette nouvelle création, que j’avais du rater quelques
épisodes, je suis allée faire un tour sur l’excellent naboloblog.
Je me doutais que Bollywood serait à la hauteur de ces expériences pourries qui font les meilleures histoires. Je kiffe le personnage de Awrell et tout le reste, et je dois dire que j’aimerais
bien voir ta petit gueule d’ange en vraie dans pas trop longtemps, car ta folie douce et nos conversations me manquent. (attention, apprécie bien, je te redirais pas ça tout les 4 matins…)
Prends soin de toi, à bientôt!
Je t’embrasse
La fourmi rouge
ben oui c’est moi…je sais ça fait bizarre…c’est pas la peine de t’habituer, ça ne devrait pas se reproduire souvent…
oui, j’ai plein d’histoires turques à te raconter et puis aussi mon aventure d’en ce moment : « la classe oxygène »… tout un monde…
Bon à part ça tu as trouvé un nouveau speudo pour nabolo?
bise
La fourmi rouge