Hua Hin, Thailande. 4 am.
Je profite de la chaleur qui m’empêche de dormir pour vous donner des nouvelles, à vous, mes fans : papa, maman, et le compte fake que j’ai créé pour améliorer les stats de l’excellent Nabolo-blog.
En fait ce n’est pas vraiment la chaleur qui m’empêche de dormir, ne l’accusons pas à tort ! C’est plutôt la flaque de sueur dans laquelle je nage et qui prend la forme d’un intéressant petit point d’eau, au creux du vieux matelas de ma chambre, négociée à 300 bhats la nuit. Là, un cafard est venu s’abreuver tandis que, plus loin, un acarien paresseux profite de sa sieste à l’ombre d’un gros poil d’aisselle…
Je reconnais que les Grecs, qui se sont vantés de tromper leur système fiscal sur tous les campus universitaires d’Europe subissent la crise qu’ils méritent mais il faut le leur pardonner ! Et vite svp parce que mes 300 bhats qui valaient 5 euros naguère en valent désormais 7,5 et que ça m’emmerderait d’avoir à chasser des chauves-souris pour financer le reste de mon voyage… Comprendra qui pourra ! (l’excellent Nabolo-blog se plait à tirer ses lecteurs vers le haut par des plaisanteries de haut vol (de chauve-souris) – signé Bhatman).
Revenons-en à la sueur : il ne faut pas l’accuser non plus. Le ventilateur est tout aussi responsable qui fait un bruit de camion au-dessus de ma tête… J’ai moins souffert de ces inconvénients lorsque j’étais à Bangkok. Et pour cause : l’amie que j’ai rejoint dans la capitale Thaï m’ayant proposé de partager sa chambre, je n’ai quasiment pas occupé celle du petit hôtel qui m’a servi d’hangar à sac à dos. J’y ai juste laissé mon sac pour tromper la vigilance du réceptionniste d’un 4 étoiles où j’ai passé chaque nuit, loin de la chaleur, des odeurs et de la guerre civile des rues de Bangkok (il en fallait du culot : encore et toujours l’esprit d’aventure !!).
Pas d’hôtel Ibis à Hua Hin, une station balnéaire du sud de Bangkok qui abrite la résidence du roi, mais tout autant d’odeurs et d’étalages de fruits inconnus que celle qu’on appelle « la grosse mangue ». Il y a aussi de nouveaux genres de créatures… Des filles, qui m’interpellent dans la rue pour me proposer des massages et des babyboomers occidentaux, chacun avec sa petite infirmière Thaï qui s’efforce de lui faire croire qu’il n’a pas raté sa vie… Ou du moins qu’il n’est pas encore tout à fait pourri, quoique la planète qu’il abandonne aux générations suivantes le soit bel et bien, elle. Bref, quand je croise un de ces presque papy avec sa pathéticienne, ça me fait un peu bizarre mais je ne lui jetterai pas la pierre avant d’avoir eu soixante ans moi-même.
En attendant tout le monde a l’air heureux comme ça, surtout Daddy.
Daddy c’est l’anglais qui vide des bières à l’accueil de mon hôtel. Il crie « hello ! » à chaque fois qu’il me voit. Après le troisième coup, en revenant des chiottes, il est venu appliquer sa grosse main humide sur mon épaule pour me demander d’où je viens. J’ai failli lui mettre un taquet direct, il a du bol de faire le double de mon poids.
Dès que Daddy a su que j’étais français il m’a dit : « enc-hanté » « espèce de p-rune » « viens sucer ma b-ritannique » (par égard pour mes plus jeunes lecteurs, j’ai censuré le vocabulaire de Daddy, la première lettre de chaque mot exceptée). J’ai re-failli mettre mon poing dans sa gueule, mais il faisait toujours la même envergure, et ses trois potes tatoués aussi. J’ai alors compris que Daddy cherchait à sympathiser (dix ans de rugby, ça sert) en me révélant son vocabulaire français. Je l’ai chaleureusement félicité. Daddy, ne se sentant plus de joie, m’a expliqué toute l’ingéniosité de son système qui consiste à insulter les serveuses Thaï de l’hôtel en français, de telle sorte qu’elles n’y comprennent rien. Seul lui et moi comprendrions : ce serait notre petit secret. Il acheva cette explication par des « sale p-rune » et des « sal-sifi » susurrés à l’intention de la serveuse. Nous étions devenus amis ! Il m’a alors demandé si j’aimais le foot… Sentant la question-piège je me suis bien gardé de répondre par l’affirmative et me suis éclipsé dès que possible.
Daddy a le profil d’un grand nombre de babyboomers que j’ai croisés ici : moche. Là d’où il vient, les filles n’attachaient sur Daddy qu’un regard superficiel, tout juste capable de leur révéler ses qualités les plus évidentes (gros et con). Les Thaïlandaise, elles, ont su trouver chez lui le portefeuille, avec de tels sourires qu’elles le laissent à peine deviner… Alors peut-on le blâmer de vouloir une part de ce bonheur factile ? Triste enc-hanteur…
Hello,
J’espère que tu ne lui donneras pas à lire ta prose s’il comprend aussi vitele français! :) Ravi de voir que tu gardes la papate malgré les conditions, mais après tout c’est aussi ça l’aventure.
Bon courage à toi.
Xd si il est gros y a qu’a lui donner une claque et fuire les gros peuevent pas courir.Sinon tu fais comment pour survivre la bas? :p
Pas bête pour la claque… Sauf qu’il squatte en bas de l’hôtel alors faudra courir à chaque passage.
Pour survivre? Faut être rapide: le tout c’est de renvoyer les grenades qui m’arrivent par la fenêtre avant qu’elles n’explosent. Pour l’instant je m’en tire bien.
Très sympa ce récit et plein d’humour !