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La mort d’Oto Mustam / Mon départ d’ANKAMA | Jay WorldMan
Oto Mustam dofus sh serveur héroïque

Bye-bye Oto! (cliquez pour écouter la musique de Sarys en hommage à sa mort)

Minuit. C’est la fin d’une grosse journée pour moi… c’est aussi la fin d’Oto Mustam (le personnage, ça va sans dire! Le serveur lui, continue sa route).
J’avais prévu sa mort depuis la semaine passée déjà, mais pas tellement l’effet que ça me ferait. Difficile d’ appréhender ce genre de choses, ou ce que sera ma vie loin d’ANKAMA dans les prochains mois.

Quand les gens me demandent pourquoi je m’en vais et que je leur réponds que je le fais pour « me consacrer à l’écriture » et par « goût de l’aventure », j’ai l’impression que ça résonne un peu comme une blague à leurs oreilles… Et pourtant ! Pourtant je ne conçois pas la vie autrement.

Il fallait qu’Oto Mustam meure avec mon départ. Parce qu’il n’y avait personne pour reprendre le rôle de toute façon et qu’il aurait été difficile de faire passer l’idée que le personnage est indépendant de celui qui le joue (cela avait pourtant était envisagé au moment où j’ai cessé d’être Mafaldrag et je n’y voyais pas d’inconvénient : « le rôliste s’en va mais le rôle demeure »).

Oto Mustam meure donc jeune, en champion de Rushu, en martyre… quel intérêt y aurait-il eu à le faire mourir de vieillesse, décati et malade, au fond de son lit? Aucun.

Néanmoins, j’ai beau me passionner pour les histoires romancées, et dans ce cadre là, me réjouir de pouvoir faire vivre des héros et les faire mourir, je ne sais pas si je retrouverai la même sensation qu’en sacrifiant Oto Mustam comme je l’ai fait ce soir. C’est ça la force des jeux de rôles, d’être interactifs : j’ai pu voir en direct l’impact de ce que j’écrivais sur les joueurs, tel que je ne le verrai jamais chez des lecteurs.


Beaucoup de joueurs m’ont demandé pourquoi je partais. Que puis-je ajouter en plus de ce que j’ai déjà dit plus haut ? Il n’y a pas de scandale, de secret caché, de dispute mystérieuse. Mon passage chez ANKAMA s’est bien déroulé et bien fini. Je resterais si ça correspondait toujours avec ma définition du bonheur, à savoir : « faire ce qu’on a envie de faire, au moment où on a envie de le faire, à l’endroit où on a envie de le faire. »

mort oto mustam dofus

On croit entendre des mots qui s’échappent de la tombe d’Oto Mustam…

Mon travail collait à cette définition pendant longtemps, maintenant j’ai envie d’autres choses, toujours en application de la philosophie de l’aventure.

Mes plans pour l’avenir ? Ecrire donc, et pour nourrir l’inspiration, j’ai une petite liste d’aventures prêtes-à-vivre dans la poche, à voir avec quelle facilité je vais pouvoir y accéder :

Figurant à Bollywood : j’ai surpris une émission de radio il y a quelques temps, le journaliste prétendait que les studios de cinéma indiens manquaient de figurants occidentaux pour donner une touche de modernité à leurs films. A tel point qu’ils n’hésitaient pas à recruter les touristes dans la rue ! J’ai adoré mon séjour en Inde, et j’ai tout de suite pensé que ce serait un très bon prétexte d’y retourner.

Enseignant chez les Gitans : l’ASET est une association qui propose d’enseigner directement auprès des enfants tsiganes nomades (dans des « camions-écoles ») plutôt que des les accueillir à l’école (où ils ne vont pas). A voir si j’ai les qualifications, mais c’est une aventure qui me plairait beaucoup.

Mannequin au Japon : beaucoup de mes amis qui ont séjourné au Japon prétendent qu’avec un profil occidental et 175cm de haut on répond aux conditions nécessaires à l’exercice de la profession de « mannequin », pour jouer dans des pubs, faire des défilés, etc. Je n’ai jamais essayé ce genre de chose alors pourquoi pas ?

Travailler dans une réserve (Afrique ou Asie du Sud-est) : il y a de nombreuses micro-fondations qui sont toujours à la recherche de main-d’œuvre pour les aider dans leur mission de préservation des espèces, et ça m’enthousiasme de vivre au grand air avec les animaux (j’adore les moustiques !).

Vendeur de crêpes aux Etats-Unis : les Américains adorent les crêpes. Je le sais parce que j’ai accueilli les étudiants américains pendant deux ans dans ma ville d’Aix-en-Provence. Ils raffolaient tous de « Crêpe à gogo », le marchand de crêpes local. Avec un camion à crêpes aux Etats-Unis je suis sûr de faire un carton (me reste plus qu’à passer le permis de conduire et apprendre à faire des crêpes !).
Etc. : n’importe quoi que je sois capable de faire aujourd’hui et pas forcément demain. Le temps passe, je dois profiter de chaque âge de la vie.

mort oto mustam dofus

Après la mort d’Oto, la map et moi avons été floodés de messages… parfois cocasses!

Toutes ces envies m’éloignaient de plus en plus de mon quotidien roubaisien. Rien ne dit que je vais finalement les réaliser toutes, mais j’en ai le désir aujourd’hui, tout en conservant un maximum de temps pour avancer dans mes projets de roman, de nouvelles, de scénarii. Et je me dis que les aventures que je n’aurai pas le temps ou les moyens de vivre, je pourrai toujours les imaginer et les écrire.

Là, tout de suite, au nom d’un besoin impératif inexplicable, je veux avoir du temps devant moi pour produire un maximum d’écrits, jusqu’à ce que ça « marche » ou que je réalise que je ne suis pas fait pour ça.

Voilà pourquoi Oto-Mustam est mort.


mort oto mustam dofus

Encore!

Et c’est tout ce qui me manquait en fait : avant-hier encore, ma décision souffrait toujours de mollesse. Je partais bel et bien, mais j’en venais à me demander « pourquoi ? », si je ne prenais pas un risque énorme, etc.… En tuant Oto j’ai compris que j’avais raison. Parce que sa mort, je l’ai vécu un peu comme un drame, qu’à travers elle, ma relation avec les joueurs qui, au quotidien, prenait parfois l’apparence d’un embourbement permanent, s’est muée en une sorte de romance épique… Et c’est ça que je veux : du drame, de la joie, de l’intensité, de l’aventure !

mort oto mustam dofus

Et encore!

Quand Oto est mort, les messages ont commencé à défiler à toute allure sur mon écran, les insultes (il y en a toujours !) mêlés aux marques d’affections, aux réactions roleplay, à des inquiétudes bien réelles. Il m’a fallu tout ça pour me rendre compte que mon travail était en grande partie estimé, ce qui n’est pas forcément évident lorsqu’on bosse toute la journée derrière son écran. C’est aussi pour cette raison que j’apprécie tant d’avoir rencontré les joueurs au travers des différentes Conventions auxquelles j’ai eu la chance de participer.

mort oto mustam dofus

Et encore encore!

Dans leur ensemble, je trouve les joueurs de DOFUS très, mais alors TRES différents. L’âge varie du simple au double (au triple ? au quadruple ?), ils sont de toute origine et de tout milieu social… C’est de là que vient la difficulté de s’adresser à tous en même temps, et d’être par tous compris. Mais que c’est riche et enrichissant ! Et je ne dis pas ça pour la forme, mais parce que ça permet réellement d’être confronté à des centaines de façons différentes d’aborder une même situation, un même problème, et autant de façons différentes de s’exprimer pour dire parfois des choses très semblables.

mort oto mustam dofus

Encore et toujours…

Au jour de mon départ, ce qui me reste, parmi tous les points noirs de ma relation avec les joueurs, c’est un point commun, celui de la passion investie dans un jeu auquel nous avons joué ensemble. Même si je ne devrais pas employer le terme en ce qui concerne mon activité professionnelle, reste que j’ai joué mon rôle pendant qu’ils jouaient à DOFUS et que tous ensemble nous participions au jeu des relations qui peut s’exercer dans ce genre de contexte entre une « autorité bienveillante » et une « clientèle insoumise »… Tout le monde joue ensemble chaque jour, au travail, entre amis, entre ennemis, partout, même s’il n’y a que lorsque le jeu s’arrête qu’on prend parfois conscience de sa nature de jeu.

mort oto mustam dofus

…toujours plus…

L’aventure, le jeu, c’est pareil, jouons, jouons, jouons !

mort oto mustam dofus

…plus, plus, plus!

mort oto mustam dofus

Je ne mets pas toutes les captures amusantes, il y en a trop!


La mort d’Oto-Mustam

J’ai écrit les textes dans la matinée même.Comme pour une pièce de théâtre.

Nous aurions jusqu’à 15h pour répéter la scène, mon stagiaire préféré et moi : c’est à lui qu’incomberait la mission de jouer Goultard, chose dont il se délectait par avance et je me suis sentis obligé de lui répéter 15 fois de s’en tenir au texte prévu tant je redoutais que son enthousiasme débordât sous forme de je ne sais quelle tirade lyrique et malvenue.

kofimane

L’énigmatique Kofimane, mon stagiaire préféré (le seul aussi), en train de profiter des joies de la soirée « slip de bain » organisée dans ma colocation. Tout au long de son stage j’ai essayé de préparer Kofimane aux duretés de la vie professionnelle, de lui transmettre ces vertus que sont la patience, le contrôle de soi et de lui inculquer le respect de ses aînés… Autant vous dire que j’ai totalement échoué.

Il le prit de haut, de la même manière que si j’avais remis en cause sa bonne éducation. Quel arrogant petit connard ! Il se permet tout depuis que je l’ai invité à ma soirée « slips de bain » de la semaine dernière, et, a fortiori, depuis qu’il sait que je m’en vais définitivement vendredi (même si je lui rappelle quotidiennement que d’ici là j’ai les moyens de foutre en l’air son avenir professionnel).

Mais bref, passons : je dois malheureusement reconnaître qu’il n’y a pas que du mauvais chez Kofimane. D’ailleurs, une fois nos répétitions terminées, il s’est consacré avec beaucoup d’énergie à la préparation d’un deuxième PC qui permettrait de filmer le combat de « Oto Mustam vs Goultard », ce qui fait que j’aurais une version intégrale de tout le spectacle à vous proposer si seulement il n’avait pas oublié de rejoindre en mode spectateur. Mais comme dit Sylfaen, ça reste très intéressant de voir ce qui se passait sur la map hors combat (Sylfaen est quelqu’un de sarcastique).

Voici le script du combat :


Avant-combat

OTO: Here we go… Goultard. / Nous y voilà… Goultard.
GOULTARD: Are you sure of what you are doing, Mustam ? / Tu es sûr de ce que tu es en train de faire, Mustam?
OTO: You arrogant midget, yes I am! In the name of Rushu I swear: the Astrub forest will be your grave. / Espèce de nabot arrogant, bien sûr que j’en suis sûr! Au nom de Rushu je le jure : la forêt d’Astrub sera ton tombeau.
GOULTARD: This is what we’re gonna see. /C’est ce que nous allons voir.
OTO: BY RUSHU ! / PAR RUSHU!
GOULTARD: BY… well… MYSELF! / PAR… euh… MOI-MEME!

Oto fait son gros assaut au CAC, juste après :

GOULTARD: Ung… You’re tough… Nothing to compare with the “real” Oto Mustam. / Erf… Balèze… Rien à voir avec la version originale d’Oto Mustam.
OTO: Indeed. Through me you can feel a little bit of the power of Rushu. / Certes. Je suis une creature de Rushu désormais.

Oto finit son invisibilité sur un siphon d’âme

GOULTARD: Wow! Once more, that hurts… / Ouch! Une de plus, ça fait mal…
OTO: Pfff! You think you can fool me? I know you’re not that weak. Fight for real now! / Pfff! Tu te moques de moi? Je sais que tu n’es pas si faible. Bats-toi pour de bon !
GOULTARD: Ok… But you’re aware it will cost your life? / D’accord… Mais ça te coutera la vie, tu le sais?
OTO: Death is nothing for who serves Rushu. / La mort n’est rien pour qui sert Rushu.

Fin combat (avantage Goultard)

GOULTARD: You can’t fight any longer Oto. Should we put an end to this fight? / Tu n’as plus la force de te battre Oto, dois-je mettre un terme au combat?
OTO: You can put an end to my life, but to this fight, never. / Tu peux mettre un terme à ma vie, mais au combat, jamais.
GOULTARD: Not sure I got it but ok. Goodbye Oto and thx: killing you was lot of fun! A last word? / Pas sûr d’avoir tout compris mais ok. Adieu Oto et merci: c’était vraiment marrant de te tuer ! Un dernier mot ?
OTO: To the inhabitants of my world, yes : MAY DARKNESS BE UPON YOU ! / Aux habitants de mon monde, oui: QUE L’OMBRE SOIT SUR VOUS!


Sincèrement merci et au revoir à tous! (ne vous fiez pas à ma tête de connard blond qui se la pète)

Sincèrement merci et au revoir à tous! (ne vous fiez pas à ma tête de connard blond qui se la pète)

Nous avons rythmé chaque message en fonction de l’action et pour que le rendu final soit un spectacle plutôt qu’un combat, qui aurait eu peu d’intérêt puisque nous avions fixé les caracs des personnages d’un commun accord avant de commencer.

Au fait, ça m’a toujours étonné que des joueurs s’extasient sur mon compte au travers des caractéristiques du personnage d’Oto Mustam : contrairement à eux, je n’ai pas mérité « ma » force. En quelques clics j’aurais pu faire d’Oto Mustam une espèce de monstre avec 999.999.999 points de vie et autant dans chaque caractéristique. Il n’y a pas de mérite !

Bref, pour revenir au spectacle-combat en lui-même, il s’agissait de mettre en avant l’endurance de Goultard, sa caractéristique principale (Oto étant déjà équilibré je n’avais rien à changer de ce côté-là). Goultard avait donc moins de vie qu’Oto mais pouvait la récupérer intégralement à chaque utilisation du sort « amplification » (lançable tous les tours). La seule solution pour Oto ? Le « one-shot » sur Goultard, chose que je ne souhaitais pas voir arriver mais après tout, il ne faut pas dire non au revirement du sort !

Enfin, tout s’est passé comme prévu… Mais à mes yeux ça n’enlève rien à la valeur de ce combat : Oto est parti affronter Goultard parce que son devoir le lui commandait, et Goultard était plus fort que lui.

J’ai beau avoir incarné Oto, je n’en étais pas le maître, car un personnage de rôle à une existence et un mécanisme propre qui ne peuvent être modifiés. Il est mort, parce que c’était son destin, à l’image de tous les personnages qui meurent chaque jour sur le serveur qui porte son nom.

[youtube]7fWz2k7qNME[/youtube]

Ps: (édit avril 2011:) J’ai du changer la vidéo, celle de Maoustudio ayant été retirée -> pour ceux qui veulent garder contact je poste quotidiennement sur ce blog, mon msn et mon pseudo twitter sont dans la partie « A propos/contact ». J’invite tous les joueurs de DOFUS à s’intéresser au projet de roman sur ce thème, dont vous pouvez lire le début (brouillon) ici, dans l’attende de la réponse d’ANKAMA à qui j’ai récemment envoyé le manuscrit.