Avril 1935. Un avion long courrier survole la jungle amazonienne… Tout à coup, comme sorti de nulle part, un perroquet distrait le pilote qui perd le contrôle de l’appareil :
– CARAMBA ! s’écrit-il avec un fort accent sud-américain tandis que l’avion tournoie dans les airs pour finalement s’écraser au plus profond de la jungle…
L’accident a été fatal à la totalité des passagers. Des quarante-six Péruviens qui rentraient chez eux, des six Argentins en transit et des cinq touristes Brésiliens, pas un n’a survécu. Aussi peut-on s’étonner que trois personnes s’extirpent difficilement de la carlingue brûlante : il s’agit d’un Français, d’un Suisse, et d’un Belge (ne me demandez pas pourquoi mais c’est comme ça).
Les trois survivants s’enfoncent dans la forêt à la recherche d’une cabine téléphonique plutôt que de rester à côté de l’avion en attendant les secours, ce qui couperait court à cette histoire. Ils ont tôt fait de perdre leur chemin, et parmi les bruits inquiétants de la forêt tropicale, se réjouissent en entendant les sons d’une activité humaine : on joue du tam-tam !
Le Français, le Belge, et le Suisse se précipitent… Mais c’est vers leur trépas : car ils sont accueillis par la terrible tribu des Kayaks.
En effet les Kayaks ont une tradition bien ancrée, comme la corrida chez nous : un peu débile mais ils ont toujours fait comme ça. Cette tradition consiste à utiliser la peau des Français, des Belges et des Suisses qui survivent à des accidents d’avion pour s’en faire des canoës (c’est connu : leur peau flotte très bien).
Bref, le Français, le Belge et le Suisse se trouvent rapidement attachés à un poteau.
Je précise tout de suite, pour conserver le suspense, que ce n’est pas parce que je suis de nationalité française que ce sera forcément le Français qui aura le dernier mot (même si c’est vrai que le Belge et le Suisse partent avec un handicap -double handicap donc-).
En tous cas faut pas croire, les Kayaks ne sont pas des chiens : ils donnent à chacun de leurs trois otages une chance de s’en sortir : celle d’aller dans la jungle leur ramener une trentaine de fraises.
Le Suisse est le premier à tenter sa chance. Les Kayaks le détachent du totem de cérémonie (y a pas de totem chez les Indiens d’Amazonie… Mais peu importe de bafouer leurs cultures puisqu’ils ont tous été génocidés : on ne peut plus être accusé de racisme) et lui confie un grand couteau pour qu’il puisse accomplir sa cueillette.
Il a trois jours devant lui. S’il ne revient pas, menacent les Kayaks, ils tortureront le Belge et le Français.
Trois jours tapants plus tard, le Suisse est de retour. Il ramène une dizaine de groseilles ce qui est bien mais pas top : les Kayaks s’en saisissent, ils le dépècent et le transforment en canoë.
C’est au tour du Français d’être libéré. Les Kayaks lui confient le couteau et le laisse partir en expédition. A peine s’est-il éloigné du camp que le Français prend ses jambes à son cou ! Il détale dans l’intention de ne jamais revenir, se moquant éperdument de ce qu’il adviendra du Belge. Il est vite rattrapé par les Kayaks qui le dépècent et le transforment en canoë.
Quand, enfin, le Belge est libéré, il accepte le couteau avec dignité et le brandit au ciel. Puis il l’abat sur sa cuisse, son ventre, sur sa propre poitrine, et tout en se mutilant jusqu’à la mort il répète :
– Voilà ce que j’en fais de votre canoë !!