Je, Nabolo, 2ème dan de baston, vous enseigne aujourd’hui comment devenir une arme humaine.
Qui suis-je ?
Je suis un expert en arts martiaux, j’ai pratiqué la boxe anglaise (cinq jours), le judo (participation à quatre séances sur deux ans d’inscription), la boxe française (une séance), j’ai aussi fait plusieurs heures de kung-fu, deux heures de karaté, cinq heures et demi de tennis, etc.
J’ai été également impliqué dans plusieurs bastons de rues très très violentes, et je connais le goût de la défaite. J’ai deux longues balafres de 5 millions de nanomètres qui me défigurent la figure et me dévisagent le visage. C’est donc aujourd’hui en ma qualité d’expert que je vais faire de vous des armes humaines.
Tout le monde est attentif ? Bien.
L’important dans une baston n’étant pas tant de gagner que de ne pas la perdre, je vais commencer par vous apprendre à ne pas perdre une baston, ce qui a pour avantage de faire moins mal que la défaite, et surtout : c’est plus facile à enseigner par écrit.
Vous avez quatre étapes à retenir alors concentration, c’est pas bien compliqué :
1- LE MENTAL
Si vous êtes agressé physiquement, la première chose à intégrer dans votre petite cervelle d’oiseau c’est que : dès lors vous ne résistez pas, que vous laissez faire l’agresseur, vous remettez votre vie entre ses mains. Est-ce vraiment le plus sûr ? Dans certaines situations peut-être, s’il n’en veut qu’à votre argent. Mais je vous parle ici d’une agression physique, ni d’une menace ni d’une gifle isolée mais d’un type qui vous étrangle ou vous tape dessus sans s’arrêter. S’en remettre à sa grandeur d’âme, dans ces cas-là, n’est pas une option et d’autres sont morts d’avoir sous-estimé les intentions de leur agresseur (malheureusement j’en connais). Ce n’est pas comme ça que vous devez penser : personne n’a le droit de vous agresser physiquement, de vous toucher. Dès lors qu’on pose la main sur vous vous avez le devoir d’être outragés. C’est non-seulement inadmissible mais aussi dangereux. Si quelqu’un peut franchir cette barrière là, qui vous permet de savoir où il s’arrêtera ? Il peut vous blesser gravement, vous défigurer, vous handicaper à vie, vous tuer, j’en passe et des moins marrantes. Gravez le vous bien dans la tête, inscrivez-le au fer rouge dans votre système nerveux : l’agression physique, c’est non. Il faut que vous en soyez suffisamment convaincu pour que, si jamais on vous agresse un jour, vous n’ayez pas besoin d’y réfléchir. Pour que la réponse soit automatique.
2- L’EXPLOSION
Maintenant que vous avez passé l’étape 1 qui consiste à bien intégrer le caractère inadmissible (= qui ne saurait être admis) de l’agression physique, nous allons voir comment exprimer efficacement votre désaccord. Protester avec un « Mai-euh ! » à peine audible n’est évidemment pas la bonne technique. Non, ce qu’il faut c’est que, ayant bien profondément ancré en vous l’idée que PERSONNE n’a le droit de vous toucher, l’agression dont vous êtes victime déclenche en vous un profond sentiment d’injustice, une révolte, comme si on attentait à votre vie ou à celle de ceux que vous aimez : c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer. Toute cette colère doit monter et exploser d’un coup, jusqu’à ce que vous deveniez l’agresseur vous-même. Même un agresseur bien motivé aura un mouvement de recul, quel que soit votre gabarit, en vous voyant réagir brusquement/violemment : il aura tendance à se protéger lui-même. De plus, selon la configuration mentale dans laquelle il se trouve, l’agresseur peut être déstabilisé par votre réaction, comme s’il avait déclenché quelque chose qui le dépasse. Ce sera votre fenêtre d’action !
A contrario, si vous vous débattez petit à petit, l’agresseur s’attendant à ce que vous résistiez, il vous faudra être plus fort que lui physiquement, ce qui n’est pas gagné vu qu’un agresseur digne de ce nom n’attaque généralement pas des types de 3 mètres de haut. Il faut que ça explose, retenez ça bien : c’est même le titre du paragraphe.
3- FRAPPER AU BON ENDROIT
Vous avez explosé, bravo ! La troisième étape consiste à exploser au bon endroit. Votre explosion pourrait se résumer à hurler en vous débattant dans tous les sens, selon le contexte on peut imaginer que ça suffise. Malheureusement (pour les plus pacifistes d’entre vous), dans la grande majorité des cas, le plus sûr pour votre sécurité et votre vie, c’est de frapper. Et le encore plus sûr : c’est de frapper au bon endroit. Le bon endroit ce ne sont ni les fesses, ni les coudes, ni les pectoraux hypertrophiés de votre agresseur bodybuildé. Ce sont plutôt des parties moins évidentes et plus douloureuses. Il y en a plein : je vous laisse les trouver tout seuls (pas question de livrer des secrets martiaux d’une telle dangerosité sur la toile).
Qui a dit les couilles ? Bon, par exemple, les couilles ou « parties », vu que les femmes aussi ont des parties (mais sans couilles) et que ça marche aussi.
Alors pourquoi pas, oui : visez les parties. Notez cependant que si vous êtes une femme et que votre agresseur est un homme il s’attendra sûrement à ce que vous y songiez. Alors si vous devez les lui briser, encore une fois, votre geste doit s’associer aux étapes 1 & 2 décrites plus haut : dites-vous bien que vous luttez pour votre vie et allez-y plein pot, encore et encore, jusqu’à ce qu’il tombe.
Là ça marche.
4- SE CASSER VITE-FAIT
Bravo ! Grâce à votre mental (1) vous avez réagi de manière explosive (2) et frappé au bon endroit (3). Votre agresseur est « choqué » : c’est le bon moment pour déguerpir. Normalement il n’insistera pas auprès d’une proie qui se défend si bien. Il n’aura peut-être même pas la possibilité de vous rattraper.
Si pour X raisons le contexte ne vous permet pas de fuir ; parce que vous avez un enfant avec vous, que le lieu est verrouillé, ou parce que votre agresseur peut vous rattraper… achevez-le.
Courage et bonne chance ! :D
Parfois, on peut s’en tenir à la 2 simplement: je m’explique, pour peu qu’on ait suffisamment fait peur à la personne, et pour peu qu’elle se sente agressée, l’assaillant va s’échapper la queue entre les jambes (il l’a encore, du fait que je l’ai pas cogné)
Ils ont beau être stupides, ils ne se frotteront pas à plus fort/méchant/fou…
(pour le coup, je passais plutôt dans la troisième catégorie, étant longiligne et exempt de tout muscles)
J’en suis sorti l’oeil poché, mais lui avec un « fumet de caca » venant de son pantalon…
Depuis lors, il ne m’a plus embêté
(et je viens d’un quartier « dit » sensible, où je le croise souvent le bougre)
Yep ! Toute réaction est à doser selon le cas. Ceci dit: si tu t’en es sorti avec un oeil poché, c’est plutôt parce que lui l’a voulu/qu’il est resté raisonnable/que tu l’as « psychologiquement » arrêté. Il peut être nécessaire, selon le cas, de l’arrêter « mécaniquement ».