Warning: Use of undefined constant REQUEST_URI - assumed 'REQUEST_URI' (this will throw an Error in a future version of PHP) in /home/nabolocoms/www/wp-content/themes/Divi-child/functions.php on line 73
Comment devenir aventurier ? | Jay WorldMan
don quichotte

Don Quijote, le plus vrai des aventuriers?

Récemment, près de 12% d’entre vous m’ont écrit pour me poser des questions sur l’aventure, le voyage, et sur leur avenir… Je réponds aujourd’hui à Marguerite et au petit Bernard de Francy-les-parigots.

(NB: j’ai vraiment reçu des courriers -qui m’ont beaucoup touché soit dit en passant- que je recycle ici pour en faire un article. Je précise au cas où certains d’entre-vous me croiraient suffisamment égocentrique pour tout inventer).

(NB bis: je viens de me rendre compte qu’il s’agissait en plus de courriers venus du MONDE ENTIER puisqu’il y en avait un du Canada et un autre de Colombie, trop la classe!)


1. Salut Nabolo! J’ai lu l’article sur la Philosophie de l’Aventure et je pense comme toi: la vie ne vaut la peine d’être vécue que comme une aventure. C’est le genre de vie que j’aimerais avoir. Vivre pour de vrai, quoi. Ceci-dit, c’est presque impensable. J’habite dans un pays industrialisé, dans une bonne famille, je suis trop modeste pour dire que j’ai de la facilité dans les études que je viens d’entamer et un bel avenir plat se dessine devant moi. Que devrais-je décider par rapport à mes études? Que valent-elles?…  Toi? Quel a été ton cheminement?

Pour tout dire, j’essayais de trouver des études qui m’aideraient à vivre des « aventures ». Mais c’est peine perdue. Y’a pas le programme qui convient. Jusqu’ici j’me suis dit que ça devait être difficile de voyager sans connaître plusieurs langues. Donc peut-être que c’est la voie…

Salut! Je reviens sur la « modestie » que tu évoques, et qu’on peut appeler de la « fausse modestie » puisque justement tu évoques tes qualités. La fausse-modestie n’est qu’une forme de politesse et doit être utilisée en tant que telle. Au-delà elle ne sert à rien (surtout pas dans un entretien d’embauche). Tu veux aller de l’avant ? Aies pleinement conscience de ce en quoi tu es bon et ce en quoi tu es mauvais. Assume-le, tout en gardant suffisamment d’espace pour les remises en questions. Dis-toi que c’est toi qui fais le monde de demain, si tu le veux, et que ce n’est pas parce que les « plus âgés » étaient là avant toi qu’ils ont mieux raison (ce n’est pas non plus une justification pour négliger leur aide et leur sagesse mais… offre-toi une place vers où tu veux aller : elle existe si tu la prends).

Quant à tes questions sur le voyage… Je t’arrête tout de suite: il n’y a pas besoin de voyager pour vivre des aventures. Le voyage n’est qu’un type d’aventure, mais les aventures et la poésie sont sous tes yeux, n’importe où! Tu dois connaitre le film « Amélie Poulain », dont c’est la thématique : il y a du beau et de l’aventure même dans les toutes petites choses. Donc il faut déjà que tu détermines si ce que tu recherches c’est 1. L’aventure ou 2. Le voyage.

Si c’est le voyage, c’est simple : fais des études en rapport avec je-ne-sais-ce-qui-permet-de-voyager (le tourisme ?).

Si c’est l’aventure, toutes les études sont bonnes à prendre.

En fait le problème ce n’est pas vraiment ce que tu fais mais l’état d’esprit dans lequel tu le fais… et puis ce serait le comble s’il y avait des études pour être aventurier, non ? ;-)

De toute façon, si tu veux vivre des aventures, tu dois tailler toi-même ton chemin. Peut-être que d’autres ont fait la même chose et que tu n’es pas le premier blablabla, mais c’est ton chemin à toi que tu tailles, comme si vous étiez quarante à traverser une foret vierge mais chacun de votre côté : tu n’en auras pas moins de mérite que ceux qui sont partis avant toi. Bref, il y a plein d’aventures partout que tu dois trouver tout seul, bien sûr, sinon elles n’en sont plus (ceci dit, j’admets que les aventures sont nettement plus apparentes dans le voyage).

Quant aux études et à la vie étudiante, c’est une super aventure (à vivre donc, ce serait dommage de passer à côté) : je te conseille d’en faire si tu as cette chance (de plus elles peuvent peut-être te permettre d’étudier à l’étranger : encore plus d’aventures ! :p) Tu apprendras des choses, tu rencontreras des gens, etc.

Mais c’est vrai que des études qui te contraignent à bosser 24h/24 enfermé dans ta chambre ne te serviront à rien, à moins que tu fasses un métier en rapport avec elles, et ça n’a pas l’air d’être ton objectif… Savoir quel est ton objectif c’est ça ta première étape en fait.

Moi je veux devenir un héros. J’ai toujours voulu ça, depuis que je suis tout petit. J’essaye juste de trouver comment là… En tous cas c’est décidé, depuis que j’ai découvert que tout est possible. Toi il faut que tu trouves aussi, mais franchement, tu peux prendre le temps : cinq années d’études ne seront pas cinq années de perdues. Donc fais des études qui te permettent de t’épanouir et de t’enrichir, comme tu ferais une expérience, et pas forcément des études « pour être aventurier » parce que ça n’existe pas. C’est cool non ? Ca veut dire que si tu veux étudier l’histoire de l’art, la mythologie, le pipo, ou que sais-je, toutes ces matières considérées comme « inutiles » par beaucoup de grands écoliers, tu peux. Elles t’enrichiront, tu rencontreras des gens et tu étudieras un truc qui te plait; elles constitueront une bonne marche vers de nouvelles aventures, une fois que tu en auras fait le tour.

Perso, puisque tu me poses la question, j’ai fait du droit, et ça m’a super soulé. Je ne regrette pas d’avoir fait des études, je regrette juste d’avoir fait du droit dans ces conditions, avec la peur de l’échec au ventre. Tu sais que tu veux être un aventurier ? Super : fais des études tranquilles, en sachant que ta vie ne repose pas là-dessus. Car que valent-elles ces études ? Le prix de la confiance en soi, je dirais. Ca ne semble pas fondamental de prime abord, mais ce n’est pas à sous-estimer non plus. Même si au final, ce qui compte pour trouver un job, c’est surtout la manière dont tu te vends (autre film référence : « Attrape moi si tu peux ! »).

Mes études de droit (j’ai aussi fait de la « négociation internationale » : le titre est pompeux mais c’est du flan) me servent/m’ont servi à plusieurs choses :

  1. Ca m’a fait rencontrer des gens
  2. Ca m’a appris à mieux m’exprimer
  3. Je me suis bien marré dans l’ambiance étudiante (super aventure)
  4. Aujourd’hui ça me permet de ne pas être déconsidéré par les personnes qui n’estiment les autres que par leurs diplômes, en leur montrant que je ne suis pas « aventurier » parce que je n’ai pas eu le choix mais parce que c’est ma philosophie de vie.
  5. Même si tu postules pour des jobs qui n’ont rien à voir avec ces études, un diplôme en droit rassure tes employeurs potentiels.

Ceci dit, si tu es coiffeur ou boulanger tu trouves du boulot en deux-deux dans toutes les villes du monde… Alors que juriste, bonne chance !

2. Comment vis-tu tes aventures? Sont-elles à la hauteur de tes attentes? étaient-elles comme tu les imaginais?

Non, mes aventures ne sont pas à la hauteur de mes attentes. Je pense que la réalité est toujours très décevante par rapport à l’imagination. A l’instant où tu la vis en tous cas. Et puis à un moment donné tu te retournes et tu te dis « Mais butain de mer, ça c’était une vraie aventure ! ». Les fois où tu t’en rends compte sur le moment sont rares. Mais dis toi aussi que… si on veut vivre des aventures à la Christophe Colomb ce n’est pas pour les vivre comme lui les a vécues mais comme nous percevons qu’il les a vécues. Car lui n’avait certainement pas la même perception de l’aventure que nous. Je veux dire : un chevalier errant, à cheval, avec son épée, c’est tripant… Mais les mecs qui faisaient ça à l’époque, ne faisaient que leur boulot. L’aventurier que tu peux être, tout en ayant conscient de l’être, serait plutôt basé sur un modèle de personnage du style Don Quichotte ou Edward Bloom (le personnage principal de « Big Fish »)… Parce que sinon, quand tu marches sous la neige, tu es déjà un aventurier du point de vue d’un môme des bidonvilles de Mumbai. Tu vois ce que je veux dire ?

Personnellement je ne fais rien de plus ou de mieux que mes contemporains, il y a des backpackers partout sur les routes du monde qui empruntent le même chemin que moi. La seule différence c’est que j’aborde mes voyages et ma vie comme une aventure, c’est la démarche. Je ne suis aventurier qu’à mes yeux en fait (c’est ce qui compte à mes yeux! :p) et en lisant mon blog vous voyez mes faits et gestes à travers ce regard. Imagine par contre qu’une des personnes que j’ai croisées dans mes voyages lise cet article, elle se dira mais quel est ce fou, mythomane de l’espace, qui se prend pour un aventurier alors que nous faisons exactement la même chose ? Mais moi j’ai décidé d’être aventurier. Ma vie est une aventure parce que je le décide, et je n’autorise personne à me retirer ça, à me diminuer, comme ceux qui considèrent qu’il est normal de vivre, normal de voyager, normal de tout. Si au contraire tu considères que tout est exceptionnel, tu es peut-être un illuminé mais tu nages en pleine aventure puisque tu es dans la nouveauté et l’hors du commun permanent.

L’autre jour j’étais sur la grande muraille de Chine… A ma droite l’autoroute, à ma gauche le péage. Derrière moi une file de touristes. J’ai soufflé un coup et j’ai balayé le tout pour voyager dans le temps. Et là j’ai profité. C’est dans ta tête. Ne vis pas la vie comme elle est mais comme elle devrait être, disait Don Quichotte (d’après mon maître kung-fu ^^).

3. Mais on doit pas se sentir seul un peu ? Vivre ses aventures seul comme ça ? Tu n’as pas peur de finir tout seul et sans le sou ? J’ai peur de ce que ce sera si je me lance, de ce qu’est la vie d’un penseur contempourien.

Eh oui, tu auras peur, tu auras froid, tu auras faim… (bon j’exagère ). Mais ce sera ton choix.

Vrai qu’on se sent seul, parfois. Mais c’est un mal nécessaire pour être libre, pour avoir le temps de penser et la possibilité de rencontrer de nouvelles personnes. Comme le reste c’est un pari : soit tu te fais des amis en chemin, soit pas. Mais si tu ne paries pas tu ne gagnes pas. C’est comme ces pirates qui sabordaient leur navire avant l’abordage : c’est vaincre ou mourir ! :p (« 100% des gagnants ont tenté leur chance », si tu préfères !)

Quant à être sans le sou, etc. C’est aussi un risque que tu prends. Mais c’est toi qui le prends et pas le contraire. Il y a beaucoup de gens qui se laissent mener par la peur de la misère, peur de la mort, etc. Mais si vraiment tu as découvert le pouvoir absolu, tu t’es libéré de la peur de la mort, et donc de toutes les autres craintes qui lui sont forcément inférieures. Dès lors qu’as-tu à redouter ? De plus, il n’est pas dit qu’il soit moins dangereux de tourner le dos à un taureau furieux que de l’attraper par les cornes.

Ceci dit, la personne qui t’écrit (moi donc) est quand même un butain de privilégié qui aura toujours son petit papa et sa petite maman pour lui assurer le boire et le manger (je tue un mythe ?). Je suis incroyablement gâté par rapport à la population mondiale et même par rapport à la société d’où je viens. Mais, au final, j’ai conclu que c’était débile de s’en cacher ou de ne pas en profiter. J’ai un avantage dans la vie ? Je l’utilise ! Sinon mieux aurait valu qu’on le donne à quelqu’un d’autre. Je m’en fais presque un devoir.

Ne te méprends pas non plus : je m’assume financièrement, mais les risques que je prends sont calculés à chaque fois (pour l’instant, mais j’aimerais que ca change, at some point…).

Bref, ne t’imagine pas que je suis un gros fou qui fait tout ce qui lui chante, je suis plutôt un grand peureux qui a réussi à se libérer des petites barrierettes qui entouraient son jardin et qui en est fier comme un bourdon, ou comme un gardon (ou comme un con).

Par ailleurs j’ai la conviction que ce que je fais est à la portée de n’importe qui. Je pense que tout est possible pour tout le monde, à condition que tout le monde s’en donne les moyens.

Et vivre des aventures requiert peu de moyens.

4. Mais comment tu t’en sors financièrement avec tous ces voyages ? Il faut être riche pour voyager ?

Encore une fois, je ne cherche pas à être un voyageur, mais un « aventurier », en application de la philosophie de l’aventure. Cela fait que le voyage est secondaire : je ne cherche pas à voyager, je cherche des aventures. Comme on l’a vu plus haut, le fait de voyager est un très bon moteur à aventures. Mais il n’y a pas nécessairement besoin de voyager loin. Ceci dit tu comprendras qu’un voyageur qui suit cette philosophie n’a pas besoin de gros moyens.

Je te donne quelques trucs dans un prochain article.

5. Si tu avais à refaire ton parcours depuis tes 18 ans, le ferais-tu autrement ? En le sens où : y aurait-il des choses que tu as réalisées plus tard qu’il serait bon de réaliser plus tôt ?

La question est bonne. A chaque âge de la vie son aventure je dirais. Avoir des enfants et une famille est une belle aventure, mais si tu la fais à 20 ans mon vieux, tu rates beaucoup d’autres aventures (bon mais c’est un choix, tous se respectent). La seule chose que je regrette c’est d’avoir été à ce point angoissé du futur… Ca ne s’est pas trop vu quand j’étudiais mais à l’intérieur c’était un poids de devoir travailler sans motivation, sans but, sans objectif clair pour l’avenir et tout en étant terrorisé par l’idée de l’échec (j’ai repassé mes tests d’économie et finances 12 fois -oui, c’est possible-).

Donc ce que je ferais différemment c’est me demander beaucoup plus tôt : quel est mon but dans la vie ? Et ensuite, quelle que soit la réponse, me convaincre à 2000% que c’est possible. Si j’avais su faire ça, à l’heure où je te parle, je serais sûrement dessinateur de BD. Les choses ont évoluées différemment et je ne regrette rien cependant puisque, un jour, je deviendrai un héros.

Un autre truc que je ferais peut-être différemment, niveau voyage, c’est de ne pas aller en Inde si tôt, parce qu’après tous les autres pays ont l’air fade… Mais bon d’un autre côté c’est aussi l’Inde qui m’a révolutionné la tête donc je ne regrette pas vraiment non plus :p

6. Pour une fois que je rencontre quelqu’un qui a la même vision que moi… J’ai tenté d’en parler un peu aux gens autour de moi, mais soit ils ne saisissent pas bien le concept, soit ils me prennent pour un taré, soit ils trouvent ça un peu trop téméraire, voir fou, soit… Enfin voilà.

Mon prof de Kung-fu (si t’as lu les derniers articles tu sais de quoi je parle) m’a dit : fuis les mecs qui te disent que ce dont tu rêves n’est pas possible (je te passe les détails de la conversation). Lui c’est ce qu’il a fait, je m’applique à faire de même. Quand j’ai quitté mon travail en disant que j’allais faire acteur à Bollywood ca faisait gentiment sourire (moi y compris), à présent je l’ai fait, au-delà de mes espérances, t’imagines pas la satisfaction personnelle que ça apporte.

Tiens, en parlant d’objectifs à se fixer dans la vie, un bon objectif c’est d’améliorer son « jugement », « sa sagesse ». Je veux dire : ça sert à rien de se fixer un objectif si l’instrument qui te permet de déterminer si c’est un bon objectif est biaisé, non ? Et les expériences, l’aventure et les voyages augmentent énormément la sagesse (à ne pas confondre avec l’intelligence).

J’avais l’habitude de penser que l’aventure ce n’était pas vivre, que la seule chose qui importait dans la vie était l’argent et la gloire mais en lisant le Nabolo-blog j’ai compris qu’il n’y avait rien de mal à lutter pour être un aventurier. Je suivrai ton exemple, tu es devenu mon héros!

Tu ne devrais pas dire ça, le premier héros à tes yeux, ce devrait être toi-même. Autrement c’est qu’il te manque quelque chose, non ? Alors deviens ton propre héros, c’est toujours plus difficile que d’être le héros d’un autre.


Voilà un petit résumé de certains échanges que j’ai pu avoir avoir avec quelques lecteurs du Nabolo-blog. Je relis cet article et je remarque deux choses:

  1. qu’il peut me donner l’air incroyablement prétentieux, à donner des leçons de vie, comme ça…
  2. que puisque plusieurs personnes m’ont écrit pour me témoigner leur sympathie et leur propre envie d’aventures ou frustrations à ce sujet, c’est qu’il y a peut-être un mal être qui pèse sur pas mal de gens (il y en a peu qui ont pris la plume, mais d’autres peut-être on pensé pareil ?)

Dissipez ce malaise. Tout est possible. Et plus on sera nombreux à le croire, plus ce le sera. Et je vous jure qu’il y a beaucoup de gens qui le croient déjà… Et ils en profitent !