Suite de ce qui précède ! (mes aventures au Sri Lanka que vous pouvez retrouver dans l’ordre sur la page du sommaire – youpi)
Dans le bus qui me ramène vers la région de Colombo il y a un type, debout dans la rangée, au milieu, qui demande l’attention des passagers. Je ne sais pas trop ce qu’il raconte mais il le fait en brandissant une petite bouteille à laquelle il a l’air très attaché. Puis il sort un feutre de sa poche et commence à s’en badigeonner la chemise : miracle, le liquide que contient la petite bouteille efface tout !
En fait il s’agit là d’une pub TV pour lessive, mais sans TV. La chose existe aussi en Inde, mais je ne m’en rappelais plus avant de la voir exécuter de nouveau ici, au Sri Lanka.
Mon esprit bat la campagne comme je touche à la fin de mon voyage. J’ai des images de noix de coco dangereuses ; d’hommes en sarong ; de femmes en parapluie de soleil et de tout plein d’animaux qui vivent en paix avec les hommes. Celles des baleines et des dauphins que je ne suis pas allé voir en mer (j’aime pas déranger), mais que j’ai vues en quantité impressionnante sur les affiches publicitaires, maladroitement photoshopées pour vanter des expéditions en bateau me font sourire. Ce genre d’affiche n’aurait ni queue ni tête si on n’y voyait justement QUE des têtes et des queues de dauphins et de baleines, sauvagement copiées-collées dans le moindre espace bleu ! A se demander comment le bateau fait pour avancer (ou le marketing srilankais).
Au bout d’un assez long trajet au cours duquel j’ai mis ma conscience en suspens (méthode obligatoire pour ne pas devenir fou quand on fait chaque jour plusieurs heures de bus dans les conditions locales) je suis arrivé dans un ville dont j’ai oublié le nom (et comme je vous écris d’un train je n’ai pas internet pour le retrouver). Encore une ville ressemblant à un carrefour habité, rien de remarquable mais c’est à proximité que se trouvait le monastère de Caméléon Myope.
Rappelez-vous : Caméléon Myope, c’est ce moine francophone que j’ai rencontré le jour de mon arrivé au Sri Lanka, dans le bus de l’aéroport, et dont j’avais tant regretté de ne pas avoir demandé le contact… avant de le retrouver exactement là où je l’espérais : au sanctuaire de Mihintale. C’est par son entremise qu’on m’a invité à séjourner là-bas tandis que lui retournait vers son propre monastère, non sans me proposer auparavant de m’y accueillir durant les quelques nuits qui précéderaient mon départ du Sri Lanka… et je suis en route ! Dans un rickshaw semi-honnête qui me double le prix de la course au prétexte que la route qu’il comptait prendre est sinistrée. Mais Caméléon Myope approuve, alors je paie. Il était assis sur un chaise, à l’intérieur de chez lui, avec vue sur l’entrée et la télé quand je suis arrivé. Je crois qu’il ne m’a pas reconnu tout de suite : je ne suis qu’un blanc de plus quand tous les personnages que je rencontre ici, à moi, me sont uniques.
Ce nouveau monastère est très différent de celui de Mihintale. Plus grand et plus luxueux (toutes proportions gardées) il est séparé d’un mignon petite temple par une route et un champ qui est la propriété du monastère. Juste derrière il y a une cocoteraie, qu’on appelle normalement une palmeraie mais cocoteraie c’est plus marrant, bien que, on l’a vu, les noix de coco soient des animaux dangereux. Cette fois encore, les chambres du monastère se révèlent beaucoup plus belles, propres et agréables que celles des hôtels. La nourriture est top également, même si je noie les yeux en la mangeant. De nouveau j’entre dans un micro microcosme, à l’égal de celui de Mihintale : un monastère mais pas austère. L’endroit est vraiment agréable et paisible, ici il n’y a pas de touristes ou de pèlerins, simplement quelques familles qui viennent prier à l’ombre de l’arbre bodhi, là-bas derrière, assis par grappe de cinq à sept personnes sur de larges couvertures posées à même le sable.
Je veux encore vous parler du fait que les gouttières d’ici ne sont pas constituées de tubes mais de longues chaînettes qui, je le devine, parviennent à drainer la pluie… et puis ce sera tout au niveau descriptif, car il est temps d’aborder le fond des choses, ou ce qu’il ressort de mes différentes conversations avec Caméléon Myope au sujet du bouddhisme et de toutes les questions complémentaires aux enseignement de Petit Ours Bien qui me sont passées par la tête durant les derniers jours et auxquelles le moine a eu la gentillesse et la patience de répondre.
Entretien avec un moine bouddhiste 2 (le retour)
A sept heures du matin, après une nuit de bataille contre les moustiques et peut-être plus encore contre ma moustiquaire, je vais déjeuner avec Caméléon Myope qui m’en sort de bonnes sur la futilité de la vie etc. Voyez plutôt :
La vache !
Sur la table du petit déjeuner je trouve un tas de mets délicieux, des sortes de crêpes, de la papaye fraîche en morceaux, de la purée de lentille, des whoppers (?)(sortes de « vases comestibles » peut-être faits à partir d’un peu de farine et de lait de coco ?) au lait de coco etc. Je décide d’attaquer la conversation par une question pas trop difficile que j’ai déjà posée à Petit Ours Bien : la différence qu’il y a entre le bouddhisme Theravada, Mahayana et le bouddhisme tibétain dont je ne connaissais même pas l’existence il y a quelques jours. Autant la réponse de Petit Ours Bien laissait une place estimable au Mahayana, autant Caméléon Myope n’est pas aussi sympa :
– Il s’agit d’un bouddhisme rituel, mélangé à des coutumes locales qui incluent certaines déités…
Pour lui c’est du bidon quoi !
Je lui demande alors si ces trois versions du bouddhisme poursuivent néanmoins, et bel et bien, la même quête de sagesse finale ? Pif paf, ni vu ni connu, Caméléon Myope m’allonge son uppercut du droit :
– On peut dire que oui, mais tu sais, pour obtenir du lait, mieux traire une vache par le pis que s’acharner sur la corne…
Aïe, ça fait mal. Les moines tibétains peuvent pas rivaliser !!
Le bouddhisme n’est pas une doctrine
A ce point de la conversation nous sommes d’accord pour définir le bouddhisme comme un concept extrêmement proche de celui de « philosophie » au sens large. Un bouddhiste est donc un philosophe… en théorie, puisque énormément de bouddhistes autoproclamés abordent le bouddhisme comme une religion, demandent des faveurs à Bouddha, etc. Sur cette question-là, l’avis de Caméléon Myope se rapproche très fortement de celui de Petit Ours Bien. Je tente de voir s’il accepte aussi l’explication du chauffeur de rickshaw, en reprenant ce que m’a dit Petit Ours Bien mais sans mentionner le jeune moine, pour que son aîné n’hésite pas à me contredire :
– Je me suis aussi aventuré à penser (dis-je) que le bouddhisme est une doctrine, en ce sens qu’il observe les lois de la nature…
Faux, archi-faux me répond le moine : puisque le bouddhiste essaye justement de ce soustraire à ces lois (que néanmoins il « observe », au moins dans le sens d’appréhender, plutôt que celui d’obéir – did we lost ourselves in translation? Car bien que francophones, nous conversons en anglais).
Le malade
La conversation a suivi son chemin, avec d’inévitables retours sur l’idée que la vie n’est que souffrance… Comme ce n’est pas tellement mon vécu, il fallait bien que je nous arrête sur ce point-là. Caméléon myope ne broncha pas :
– Tu sais, quelqu’un qui n’est pas malheureux n’a pas besoin du bouddhisme ou de la religion…
Ah ? Pensais-je, admettrait-il que bouddhisme et religion ne sont qu’un palliatif pour personnes égarées ? Loin s’en faut :
– …il n’y a que celui qui a conscience de sa maladie qui cherche à se soigner.
Ainsi tout le monde est malade, tout le monde porte en lui une souffrance du fait de l’impermanence des choses, mais ne l’a pas toujours théorisée. Et puis il y a ceux qui entrevoient ce que raconte le moine (moi ? vous ?) mais qui ne suivent pas ses recommandations.
– Imagine un malade qui sait qui est malade. Il va voir le docteur. Le docteur lui donne une prescription pour acheter des médicaments. Mais le malade ne les achète pas, le soir il rentre auprès de sa femme et dit : « j’ai vu un très bon médecin ».
Voir un bon médecin est donc bien différent que d’entreprendre véritablement la démarche de se soigner… Sur le moment je n’ai pas perçu que le message m’était peut-être directement destiné… ça me laisse un peu cette impression à la relecture.
Caméléon myope m’allonge une enième métaphore pour finir de me convaincre : l’histoire de ce médecin qui rend visite à une maison de fous. Les fous sont heureux, mais le médecin sait qu’ils sont fous. Il en prend un à part, pour l’étudier, mais ce patient rebelle ne l’écoute pas, arguant que certes il est fou, mais que le médecin l’est autant que lui. Le médecin ne le croit pas, et le fou lui propose de passer une semaine dans cette maison dans laquelle le médecin changera bientôt d’avis… A la relecture cela me rappelle un des dialogues entre Alice et le chat du Chestshire : Alice cherche son chemin dans la forêt et le chat lui indique deux adresses : la maison du lièvre de mars ou du chapelier toqué. Alice s’exclame qu’elle ira voir chez le lièvre, n’ayant aucune envie de rencontrer un fou… Et le chat de préciser qu’il est fou lui aussi, comme tous ici bas, elle comprise. Je suis donc fou, et vous aussi. Personnellement, cela ne m’avait pas échappé, mais il m’a fallu plusieurs étapes pour comprendre à quel point, ce qui m’invite à supposer qu’il y a potentiellement encore des étapes à franchir… mais combien ? Quel niveau de lecture de notre monde ai-je atteint ? Où se situe celui de nirvana ?
Le chien
Un jour, Bouddha croisa sur sa route un chien sauvage qui se roulait par terre, sur le chemin. Puis le chien bondit de côté, dans les fourrés, avant de repasser devant lui, de grimper dans un arbre et de s’en aller quelque part où on ne le verrait plus. Bouddha demanda alors à Anhanda, un des moines qui le suivait (le plus fidèle ?) :
– Sais-tu pourquoi ce chien se comporte de cette manière ?
– Non Boudd’, chais pas.
– Ben moi non plus, ji beau retourner la question dans tous les sens, franchement ji vois pas… et ça m’emmerde !
Non bien sûr, telles ne furent pas les paroles de Bouddha qui répliqua plutôt :
– Il se comporte de cette manière parce qu’il a de l’exema. Ca le gratte. Il court donc partout en se grattant… Comment faire autrement ? Ainsi fait l’humanité. Parce qu’elle n’a pas résolu le problème de la souffrance, elle court dans tous les sens sans pouvoir y remédier.
Cette anecdote était sortie de la bouche du moine en réponse à mon exposé sur la philosophie de l’aventure, qui prend pour départ la curiosité comme source de vie, et la manière dont elle s’emboîtait potentiellement bien avec le bouddhisme dont l’ignorance était le point de départ : l’ignorance étant la source de tous les maux et de toutes les existences, et l’ignorance précédant la curiosité.
Ignorance > Curiosité > Désir > Vie > Souffrance > Mort > Ignorance >etc.
Pas mal non ? Je suis pas Bouddha mais ça fait quand même presque une dizaine d’années que je prêche et que j’ai découvert une partie de l’équation, alors respect, bord d’ailes de mer, peace and love !
La philosophie de l’Aventure s’inscrit donc dans le cycle décrit par Bouddha, sans pour autant proposer d’en sortir et quoique sa dynamique conduise nécessairement à résorber l’ignorance. A moi elle me semble un EXCELLENT marche pied vers la partie compliquée du bouddhisme, qui requiert théorie comme expérience, pour être bien comprise (on y reviendra).
En attendant retour à ma conversation avec le moine qui se poursuit dans le « bon » sens (vers le haut ?), Caméléon Myope ayant fait l’effort de me décrire la Maya, c’est-à-dire l’illusion de laquelle le bouddhiste essaye de s’extirper. Il fait l’effort de me l’expliquer, certes, mais je fais aussi l’effort de la comprendre, effort auquel je vous invite à présent, sans quoi les lignes qui suivent ne valent pas la peine d’être lues :
La Maya
Il y a plusieurs façon de définir la Maya, selon ce qu’elle est, semble être ou selon ce qu’on veut en faire… Je vais tenter de vous l’expliquer au mieux, attachez-vous, si c’est possible, à comprendre ce que je vais vous dire au-delà de votre niveau de lecture « instinctif », au-delà de la première idée ou image qui vous viendra à l’esprit.
J’y go.
Ce que nous appelons « notre monde » est une illusion que les bouddhistes appellent la Maya. C’est une illusion parce que sa vraie nature ne nous est pas perceptible à première vue. Parvenir à entrevoir puis à accepter totalement la vraie nature de la Maya, cela équivaut à se libérer de cette illusion : on est alors libéré de cette idée fausse qu’on croyait vraie, et de toutes les souffrances et joies fugaces que cette idée fausse impliquait.
La Maya, en tant qu’illusion, se compose de quatre éléments. TOUT, dans la Maya, se compose de ces quatre éléments, inégalement répartis. Les quatre éléments en question sont la Terre, le Feu, l’Eau et l’Air (ou le Vent). Ces quatre éléments ne doivent pas être compris au sens strict mais à un niveau plus symbolique :
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L’eau : est l’élément qui donne sa « forme » aux choses, par son effet coagulant. Toute forme, que nous voyons, touchons, entendons est eau.
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La Terre : est l’élément qui donne sa « matière » aux choses, au sens de ce que nous pouvons ressentir avec le touché.
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Le Feu : est l’élément qui donne sa température aux choses.
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L’Air ou le Vent : est l’élément qui donne sa mobilité aux choses, leur capacité de se mouvoir ou d’être mues.
Donc, pour le dire autrement en nous passant de la symbolique élémentaire pas trop à la mode à notre époque uber-scientifique, disons que toute chose se définit par une forme/densité ; une texture/matière ; une température/énergie/activité ; un mouvement…
…du moins c’est sur cette base-là que se construit toute chose. Car de ces quatre éléments naissent quatre autres éléments : dont le goût, l’odorat, etc. puis encore quatre autres et quatre etc.
Au final, lorsque nous regardons, par exemple, ce morceau de papaye (qui se trouve à propos dans l’assiette du moine – car c’est lui qui vous parle par mon écriture interposée) nous percevons tout un tas d’éléments, comme la couleur, l’odeur, etc. qui sont très éloignés de la nature originelle de ce morceau de papaye : les quatre éléments, ou les atomes, si vous préférez.
C’est cela que la Maya. La grande illusion. Le fait de percevoir les quatre éléments (et parfois même de ne percevoir que les quatre autres éléments qui en découlent) plutôt que la source de ces quatre éléments eux-mêmes… car d’où viennent-ils ces éléments ? Ils naissent de l’énergie (c’est le moment où les fans de Star-Wars peuvent s’écrier : « la Force !!! »). Ainsi, le corps humain est composé d’atomes qui ne tiennent les uns contre les autres que grâce à l’entremise de l’énergie (celle qu’on appelle électromagnétique, en l’occurrence ? Ce qui paraîtra crédible à la grande majorité de mes lecteurs du XXIème siècle et conduira mes écrits et Bouddha au bûcher de ceux du XIIème). De fait, un corps sans énergie se réduit à peu de chose si l’on considère le volume de la boîte dans laquelle on peut le faire tenir une fois qu’il aura été incinéré.
Lorsqu’un être meurt, son corps et l’énergie qui l’habitent sont recyclés : rien ne se perd, tout se transforme disait Lavoisier. De manière simplifiée on peut parler de « cycles de vies » avec une vie en chien, une vie en singe, une vie en homme, etc. Ce qu’il faut véritablement comprendre c’est que nous appartenons à un cycle : nos atomes se fondront dans la nature et participeront à d’autres entités. Notre énergie elle aussi demeurera dans la Maya et continuera de participer à la création et à la destruction des choses… Parce que cette énergie est équilibrée de telle manière qu’elle ne peut pas échapper à ce phénomène d’attraction, de même qu’un aimant chargé négativement (comportant une majorité d’électrons – si je me souviens bien) sera inévitablement attiré par un aimant chargé positivement (avec tous pleins de positrons).
Pour échapper à ce cycle, pour faire en sorte que notre énergie personnelle s’écarte du grand courant de la Maya afin de perdurer de manière autonome sans connaître les affres de la réincarnation, il faut peut-être commencer par nous rendre compte que nous sommes énergie, et non matière. Qu’enfin cette énergie peut être chargée positivement ou négativement (cet outil d’évaluation du PH de l’énergie étant appelé karma) et que cette positivité ou négativité dépend pour l’essentiel de notre attachement aux choses, c’est-à-dire au niveau de réalité que nous attribuons à la Maya. En attribuant à la Maya un haut niveau de réalité, nous vivons par elle : la papaye ne se compose alors plus de quatre éléments, la papaye EST une odeur, une odeur appétissante d’où découlera l’envie de s’en emparer et de la manger, la faim. Selon la lecture que nous avons de l’illusion qu’est la Maya, notre énergie (c’est-à-dire nous) en est plus ou moins prisonnière, et adopte certains réflexes plutôt que d’autres.
Si notre vision de la réalité fait de la papaye une saveur à nos sens, nous voulons la manger. Notre énergie prend alors le réflexe de se comporter ainsi, de « raisonner » de la manière suivante : c’est bon, je veux le manger, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour le manger (ex : prise de risque, déclenchement de confrontation et de conflit avec d’éventuels concurrents, etc.).
Si notre vision de la réalité fait de la papaye une émanation de la Maya, un mélange de quatre éléments dont la combinaison est plaisante aux sens générés par les quatre éléments qui nous composent, notre envie de la manger reste sous contrôle, notre énergie adopte un réflexe différent de celui de l’exemple précédent.
Lorsque ,à notre mort, cette énergie sera libérée de notre corps, qu’elle participera à « autre chose », ce que même la science occidentale admet, le bouddhisme explique que, chargée des réflexes acquis lors de l’existence qui vient de s’écouler, notre énergie aura plutôt tendance à participer à l’existence d’une prochaine entité dont la nature lui correspond : comme par exemple un chien, en conclusion de l’exemple de la papaye donné précédemment.
Au contraire, celui qui (c’est-à-dire « l’énergie qui ») aura su refréner ses désirs pour ce qu’elle a reconnu comme une illusion, empreinte d’une certaine indifférence face au gigantesque mouvement du monde (la Maya) et ces énergies chargées négativement et positivement qui s’attirent, se complètent et se détruisent sans cesse en une danse qui ne connaîtra jamais de fin, cette énergie vous disais-je, s’élève, neutre, au-dessus de ce cycle dont elle s’est libérée.
Cette libération c’est le Nirvana ou Nibbana.
Ce cycle, c’est le Samsara.
Ce qu’on voit, touche, entend, etc. lorsqu’on est prisonnier du cycle, c’est la Maya.
Celui qui s’est libéré du cycle est connu sous le nom de arahant.
Celui qui, de son vivant, perçoit et comprend toutes ces vérités tout en ayant la capacité de les transmettre aux autres est connu sous le nom de Bouddha (l’éclairé).
Celui qui, semblable aux deux précédents, cherche à retarder sa libération dans l’objectif d’aider les autres à se libérer eux-mêmes est connu sous le nom de Boddhisattva (mais là franchement je suis pas sûr du tout).
Et pour conclure, une fois libéré, qu’est-ce qui nous arrive ensuite, hmm ? Eh bien il ne nous arrive rien, justement, puisque ce qui nous arrive est nécessairement source de souffrance vu que ça ne peut-être que mauvais ou bon mais à court terme.
Vous pensez différemment ? Mais l’homme qui est né esclave connaît-il les bienfaits de la liberté ?
Pour conclure sur une note positive, dites-vous que ce qui nous arrive ensuite, plutôt que « rien », c’est d’accéder à un état de plénitude accompli où il ne nous manque rien. En vérité il s’agit vraiment de « rien », incluse la disparition du désir pour autre chose que rien… mais dit comme ça, ça peut paraître un peu flippant. ^^
Autre conclusion positive, si la libération totale vous fait peur « comme un lossignol qui n’aulait jamais quitté sa caze », la belle leçon du bouddhisme c’est qu’avoir un peu de recul permet de s’éviter toutes sortes de désagrément.
Il s’agit là d’une VRAIE BONNE leçon, à appliquer au quotidien. Je vous file un médicament direct, sans passer par la case pharmacie (vous êtes flemmards, on sait jamais) : agitez un drapeau rouge dans cette cavité noire, de l’autre côté de votre front, à chaque fois que vous ressentirez quelque chose approchant de la colère, du désir, de la jalousie, de la honte… et checkez bien s’il s’agit là de la meilleure (selon le but que vous cherchez à atteindre) attitude à adopter en réponse à telle situation.
C’pas facile au quotidien, mais c’est pour votre bien !
Et la méditation dans tout ça ?
J’attendais beaucoup de la réponse de Caméléon Myope à cette question… M’imaginant la méditation comme une pratique clef du bouddhisme. Il prit le contre-pied en m’affirmant que pas du tout.
Donc, la méditation ne serait autre qu’une sorte « d’expérimentation du détachement » ? Suite à mon expérience sri lankaise (j’ai fait « pas mal » de transports en communs ici), je la visualise ainsi : si, au quotidien, nous sommes embarqués dans un bus qui file à toute vitesse, tournant de droite et de gauche, échappant à tel ou tel virage etc. la méditation n’est pas juste un arrêt-pipi-pompe-à-essence comme pourrait l’être une simple pause ou un moment consacré à la réflexion, mais plutôt une pause au sens magnétoscopique du terme : un arrêt sur image, tout net, sans passer par un coup de frein et une place pour se garer, comme si on s’extrayait purement et simplement du « mouvement » imposé par la Maya. De quoi nous aider à percevoir ses contours plus nettement.
Je n’ai pas encore pris le temps de véritablement m’y essayer… J’ai à peine mis le doigt dans l’eau (je parle par métaphores maintenant… obligé), je vous en dirai plus si je me mets à nager !
Et pour conclure à propos de Bouddha tout ça, le minimum que je puisse en dire, c’est que ça m’émerveille toujours que l’existence des atomes et la rotondité de la Terre aient été pensées avant leur découverte… l’observation, jointe à la pensée, peut parfois nous faire gagner 2000 ans. Respect.
PS : j’ai été emporté par l’aventure ces derniers mois, après le Sri Lanka j’ai voyagé à Malte, en italie, en Hollande, en Irlande, dans l’ouest américain, en Australie et je pars lundi voir la Finlande, St Petersburg et les pays baltes… De fait, je publie cet article avec des mois de retard. Tout n’est plus très frais dans mon esprit, mais si je trouve le temps je publierai bientôt mon expérience de la méditation, parce que y a quelque chose à raconter ! La bise amis lecteurs, et merci 2000 fois à tous pour vos encouragements et marques d’affection auxquelles je ne trouve pas toujours le temps de répondre à la juste hauteur, mais je vous aime, à bientôt !