De Delhouse et du pic d’Adam, j’ai pris un petit train de montagne pour Ella. Tchou-tchou. Comme y a de la fumée qui sort de la locomotive, j’en conclus qu’il est à vapeur et que je suis donc un vrai aventurier. A partir de là et à partir d’Ella j’ai commencé à croiser beau-coup de back-packers (j’en avais peu vu de Colombo à Kandy). Je ne vous décris pas Ella… Comme je le disais dans mon premier article sur le Sri Lanka, les villes n’ont pas beaucoup d’intérêt en elles-mêmes. Ce ne sont que quelques rues formées de quelques maisons à un étage maximum. Par contre il y a des fleurs, des arbres et des animaux partout. Selon l’altitude et la latitude, la végétation et les animaux se transforment… (genre tu fixes un singe du regard et pif, il se transforme en chat). Vous ne me croyez pas ? Je vous renvoie aux photos de la page Facebook pour vous faire une idée ! Et, arf, allez, je me fends d’une liste « tour d’horizon » pour que vous puissiez associer tous ces noms exotiques à des paysages et aux animaux qu’on peut croiser en ville et dans leurs alentours :
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Colombo/Negombo : choucas, plage linéaire sale plein de bouts de plastique dégueulasse, assez grosse circulation, seaux de sueurs parce qu’il fait chaud
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Kandy : jardins, fleurs, lac, collines, forêt, choucas, macaques, varans, éléphants
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Nuwara Elya : champs de thé, collines, chiens, petits pulls le soir parce qu’il fait froid
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Ella : fleurs, fleurs, chiens
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Delhouse : montagne, jungle, lacs, collines, théiers
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Yala : champs de riz, pagodes, varans, chiens, vaches, crocodiles, chauve-souris, aigrettes, buffles…
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Mirissa : plages de cocotiers, poissons, blondes en strings, baleines, surfers beaux-gosses, baleines en string
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Galle : fortification, belle mer bleue sans plage, grosse circulation, choucas, cheapmunks, rabatteurs d’hôtels casse-couilles
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Anuradhapura : singes noirs et blancs, forêt, ruines et pagodes
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Mihintale : jungle, collines, ruines, pagodes, cailles, macaques, poules, écureuils géants, chats
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Trincomalee : plages sales de cocotiers et gros débris de plastique, courants marins à t’arracher les jambes (j’abuse)
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Habarana : jungle, lac, éléphants, mangoustes, aigrettes… enfin le truc qui ressemble à un héron quoi
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Polonaruwa : forêt, vaches, macaques, ruines et pagodes
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Sigiriya : jungle, singes, aigrettes, fantômes de crocodiles des temps jadis
C’est un peu bête comme résumé, ou un peu rapide, du moins, mais peut-être m’aidera-t-il à vous faire passer l’idée que le Sri Lanka est un grand jardin, avec des variations certes, notamment de température selon qu’on se trouve dans les montagnes du centre ou sur les côtes, mais il se dégage de cette île une sorte d’unité au regard de la richesse de sa nature et de ses paysages. Un proverbe dit que si on oublie son parapluie quelque part, en repassant quelques semaines plus tard, on trouve un arbre à la place… est-ce que ça marche aussi avec un parapluie dans le cul ? Ou pour qui oublie son balais ? Peu importe, la nature est vivante, omniprésente et vous décrire chaque ville serait vain : elles ne sont qu’une bourgade de plus dans ce gigantesque parc.
De Ella, bourgade fleurie des montagnes donc, j’ai pris un bus pour Yala, bourgade des plaines et sa célèbre réserve, dans le sud-est du pays. Comme nous descendions des collines, le chauffeur semblait vouloir tester les freins à chaque virage : il accélérait à fond sur cinquante mètres, freinait à bloc en face du précipice, recommençait. Pas sûr qu’on y gagne beaucoup à l’arrivée, surtout pas en sécurité. Heureusement les divinités protectrices du bus étaient là pour nous protéger, celles dont on avait la photo juste au-dessus du conducteur, comme d’habitude.
Le parc de Yala
C’est peut-être la dernière fois que je vais dans un parc naturel (ça commence bien).
J’ai tort de ne pas leur faire de la pub : c’est parce que les touristes les visitent que ces parcs existent. J’y ai vu pas mal d’animaux en plus : mangoustes, chacals, buffles, crocodiles, singes, des billiards d’oiseaux, éléphants, varans, sangliers, (vaguement un) ours, biches, et même des léopards, en pleine action. Mais :
- le chauffeur ne respectait pas la limite de vitesse prescrite pour ne pas déranger les animaux ;
- il a fumé et jeté son mégot par la fenêtre dans cet environnement hyper sec où un billiard de pancartes rappelaient de ne pas le faire;
- à chaque fois qu’on entrapercevait un animal, c’était le coup de fil immédiat aux confrères : la pauvre bestiole avait la garantie d’être entourée dans la minute par un billiard de jeeps;
Je ne non-recommande pas ce genre d’expédition mais je ne m’y suis pas senti à l’aise, voilà tout… D’autant qu’on voit presque autant d’animaux hors du parc : chauve-souris, buffles et croco pataugent dans le lac d’à côté par billiards (peut-être pas les chauve-souris). Ce que j’adore moi, c’est voir les animaux en ville. J’adore trouver ces preuves qu’on peut conjuguer leur liberté avec la société humaine. A ce propos, les défenseurs des éléphants ont un projet pour leur permettre de circuler à travers le pays : établir des « couloirs à éléphants », cernés de plantes connues pour les faire fuir, empêchant ainsi qu’ils piétinent les champs voisins mais permettant qu’ils circulent d’une réserve à l’autre. Ce serait top ! J’aimerais tant qu’il y ait de nouveaux moutons et chevaux en France, du côté de chez moi… PAR BILLIARDS !
Les strings de Mirissa
Après Yala j’ai longé la côte, m’arrêtant à Mirissa puis Galle.
Alors Mirissa, c’est la fête du string, au sens propre (pour ainsi dire). De blondes occidentales viennent se faire dorer la raie en prenant des poses suggestives sur les rochers mais sous les yeux de beaux-gosses sri-lankais, cheveux longs colorés et torses sculptés qui écoutent du Bob Marley toute la journée. Il y a aussi des surfers australiens tant qu’on en veut. Le point fort c’est la double plage en croissant de lune bordée de cocotiers et les restos-guesthouse qui servent des butins de mer de jus de fruits !!!!! Et moi je suis jus-de-fruitovore : les jus-de-fruits, je les dévore !
De Mirissa partent des expéditions quotidiennes qui permettent, soi-disant, d’aller observer les baleines, lesquelles traversent l’océan indien un peu plus loin, au sud. C’est aussi la route des navires en provenance du golfe persique et à direction de la Chine (et vice et versa). Suite à ma moyenne expérience au parc de Yala, j’ai décidé de m’abstenir d’aller emmerder les baleines. Je me satisferai des émissions de TV du connard qui l’aura fait pour moi. Toute façon c’est pas marrant quand c’est fait à la chaîne… Tous les touristes cherchent un peu d’aventure pour pimenter leur voyage, mais moi je suis un aventurier niveau 2, comme on l’a vu, du genre à ouvrir ses noix de coco tout seul.
Ce qui est extrêmement marrant en revanche, ce sont les pubs pour ces expéditions en mer : en gros, la photo du bateau, et à côté, dans tous les sens, des queues de baleines et de dauphins photoshopées, à se demander comment ils font pour tous tenir sous l’eau.
Le fort de Galle
Sur la route vers Galle je dépasse les fameux… euh… Batôn-sièges (?) des pêcheurs sri lankais : des bout de bois plantés dans l’eau sur lesquels des générations de pêcheurs viennent se percher pour pêcher. Quant à Galle, le comptoir hollandais fortifié, eh bien le fort n’a vraiment pas grand intérêt (à part quelques marchands de jus-de-fruit). Ce sont des rues perpendiculaires entourées d’une muraille. Voilà. Dans la « vraie » ville, je me suis fait brancher au moins cinq fois par des rabatteurs de guesthouse un peu casse-couille. Voyez l’approche :
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Le type me dépasse ou m’aborde de flanc
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Il complimente ma jupette : « nice sarong » !
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Il continue devant comme si de rien n’était
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Il se retourne : « Where do you come from ? »
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Attend la réponse, puis: « I know a nice guesthouse for you sir. »
Ensuite il est indécrottable… A moins que vous soyez déjà allé en Inde (du nord), auquel cas vous le trouverez peut-être subtile et attentionné, faut voir.
Bon et puis cinq fois d’affilée c’est un peu marrant quand même (ils ont un sacré sens de l’humour collectif ces rabatteurs).
J’étais vraiment en plein circuit touristique là-dis-donc. Moi qui rêvais d’une évasion plus spirituelle pour mes derniers jours… mes derniers jours avant mes trente-trois ans. Le 19 février prochain, le gong allait sonner, et je serais confronté d’un coup à la vacuité de mon existence en comparaison des miracles qu’Alexandre avait accompli dans le même laps de temps. Ouille, ça allait faire mal : ça m’apprendrait à être ambitieux ! Ou à l’être trop tard…
A ce moment-là j’ai repensé au moine francophone que j’avais croisé dans le bus de l’aéroport. C’aurait pu être une sacrée aventure de suivre son enseignement, au moins pendant quelques jours ! Si seulement je pouvais le retrouver… Lui ou un autre qui parle bien l’anglais. Mes prochaines destinations, Anuradhapura et Mihintale, dans le nord, sont toutes deux réputées pour être des centres spirituels. Peut-être que sur un coup de bol ?