J’ai passé un super séjour au Japon (je vais au Mexique là), notamment grâce à Koji, que j’avais rencontré en Birmanie, et à ses amis. Pour mes deux derniers jours on a tout fait de ce qu’il y avait à faire de typique à portée de main: sorties, visites, restos, onsen, karaoke… Les mecs m’ont offert des cadeaux et tout, un truc de fou! Ils sont trop accueillants ces Japonais! A mon retour en France ce sera mission: accueillir les touristes Japonais.
Avant de tourner la page japonaise, un peu courte compte tenu de tout ce qu’il y aurait à dire (mais il faut bien que je passe du temps à vivre des aventures aussi -comme dit mon ami Nico dont le blog compte trois articles: « J’écris pas parce que si j’écrivais j’aurais plus rien à écrire ») je voulais vous faire une petite liste de tous les gadgets que j’ai recensés au pays du soleil rouge sur fond blanc, et il y en a un paquet!
Le mouilloir à doigt
Vous avez peut-être une grand-mère ou un commerçant de quartier qui fait ça: il se mouille les doigts pour tourner les pages de son journal (plus trop à la mode en France) eh bien les Japonais eux, utilisent un mouilloir à doigts! Technologiquement ça n’est pas extraordinaire: il s’agit d’une éponge humide calée dans une coupe en plastique. A ne pas confondre avec celles qu’ils utilisent à la poste pour les timbres: celle-là est pleine de colle.
Le cendrier de poche
J’imagine qu’il existe ailleurs aussi, il est tellement pratique ce petit cendrier de poche, clip-clap, qui permet de conserver les mégots et la cendre. Mon ami Japonais l’a toujours sur lui: il fume sa cigarette et à la fin, hop! Il la jette par terre. Je ne sais pas à quoi sert son cendrier… peut-être pour les chewing-gums?
Gadgets pour service-resto
Pour passer commande dans les resto rapides qu’on trouve partout dans les rues, il y a plusieurs instruments qui permettent de vous faciliter la tache. D’abord les distributeurs de coupons: c’est une machine où les plats sont listés et qui se présente comme un distributeur de canettes: on choisit son plat, on paye, puis on file le coupon à la personne en charge et on est servi quelques minutes après.
Un autre truc qui facilite le service dans les restaurants c’est le bouton d’appel. On s’assoit à table, on prend le temps qu’on veut pour choisir ce qu’on a commandé et quand on est prêt on appuie sur le bouton: un Japonais surgit hors de la nuit pour prendre votre commande.
Le truc le plus exotique que j’ai vu c’est une télécommande qu’on te file après que tu as passé commande dans un resto de ramens (imaginez une sorte de camion à pizza qui vend des pattes dans de la soupe et qui n’est pas un camion): tu peux te balader, zyeuter les boutiques du coin, et lorsque tes ramens sont prêts bzzz! Ta télécommande bzzz. Ca évite la queue devant le magasin en plus. Trop forts ces Japonais.
Les robinets Japonais
A chaque fois que je vais me laver les mains c’est la surprise: le robinet fonctionne différemment. Il y en a des comme chez nous, d’autres aux infrarouges, d’autres où tu dois pousser une pédale sur la doite de… euh… la trompe, et qui remonte toute seule, d’autre où tu ouvres et ferme le robinet par-dessous la trompe, d’autres où il faut tourner la tête du robinet… Du coup tu t’énerves, t’appuies partout en gesticulant et les Japonais te regardent avec leurs yeux plissés (forcément) et tu as les mains sales, sales…
Les Chaussettes à sandales
L’Europe entière se fout de la gueule des Allemands parce qu’ils portent des chaussettes avec leurs tongues ce qui, d’après les gens qui « savent », est le comble du mauvais goût. Les Japonais eux, ont des chaussettes qui tiennent le pouce à part, un peu comme des moufles pour pieds, et du coup ça leur donne la classe, d’après les gens qui savent.
Le sèche-main Japonais
Tout le monde sait bien que les sèches-mains des toilettes de restaurants sont là pour décorer: il y a de quoi se bidonner lorsqu’un naïf se plante devant le « cube », blanc et moche, en espérant le faire marcher. Parce que le cube ne fait même pas semblant: neuf fois sur quatre il ne marche pas. Eh bien au Japon c’est différent! On glisse les avant-bras dans une sorte de guillotine pour main pas rassurante mais qui projette de l’air chaud tout autour, même qu’à la fin les mains sont sèches! – c’est fou –
Je me rappelle qu’on avait installé un de ces modèles à ANKAMA, lequel s’était d’ailleurs parfaitement adapté aux mœurs du pays hôte: il n’a jamais marché.
Le katanarapluie
J’ai toujours été fasciné par les épées, mais je me voyais mal en porter une sur moi parce que c’est lourd et que je n’en ai pas l’usage. La solution? Le katanarapluie que j’ai découvert dans une boutique de Kyoto, un parapluie à manche de katana qu’on s’accroche dans le dos pour avoir l’air classe ou con (tout les goûts sont dans la nature). Il peut même te protéger de la pluie. En tous cas, quand je me balance, sac au dos, avec mon katana accroché dessus, je vois les regards des Japonais converger vers lui, c’est amusant. Le mieux ça a été d’en faire la démonstration à la grand-mère de mon « capsule hôtel ».
Le capsule hôtel
C’est un hôtel, généralement pas cher, où des matelas sont glissées dans des « capsules » avec lampe de chevet, parfois télé et radio. Ca rappelle un peu des couchettes de train, j’ai dormi comme un loir: je recommande fortement pour tous ceux qui passeraient par Tokyo, sans compter qu’il y a en fait plus de place que dans un dortoir d’auberge rempli à ras bord de backpapers sales qui puent des pieds comme moi. Dans le capsule hôtel Kawase de Sakura, le gros bonus c’est une grand-mère de poche, trop mignonne, avec une voix de petite fille qui te fait des tisanes et du café au lait quand tu tousses. A chaque fois qu’elle passait dans le couloir où je m’étais posé pour rédiger d’excellents articles elle me ramenait des bonbons, à boire ou à manger. Elle a beaucoup aimé le katanarapluie, même si au départ elle s’y intéressait parce qu’elle le croyait vrai. D’où je suppute qu’il s’agit d’une ancienne ninja reconvertie dans l’hôtellerie.
Les toilettes japonaises
J’en ai distingué trois types.
- les mêmes qu’en occident
- des sortes de toilettes à la turque sauf que elles ne sont pas carrées mais allongées, un peu comme un bidet à ras-le-sol qu’on aurait étiré, avec une sorte de capot en céramique au bout dont l’utilité ne me saute pas aux yeux.
- les toilettes du futur, avec télécommande intégrée sur la gauche, pour nettoyer ton siège; le chauffer à la température souhaitée; envoyer des jets d’eau à gauche, à droite, au centre; marquer des buts; envoyer un courant d’air, que sais-je?? Je n’ai pas tester à fond, moi je voulais juste tirer la chasse… J’ai appuyé sur tous les boutons mais le levier était incorporé au chiotte, comme sur ceux qu’on a chez nous. Du coup j’ai pris peur: j’avais peut-être lancé une mauvaise commande… Comment le chiotte allait-il réagir?? Allait-il bouillir? Vrombir? Me parler ou me courir après pour me manger? En fait il n’a pas réagi. Peut-être parce qu’il faut une pression de force X sur la cuvette pour activer ses fonctions… Selon un angle particulier? Ca devient compliquer de chier un coup.
Le masque Japonais
Beaucoup de Japonais portent un masque sur le visage. Ce n’est pas pour se protéger de la pollution comme je l’avais d’abord cru, mais pour protéger leurs concitoyens de leurs propres bactéries. C’est à dire que les Japonais s’handicapent eux-mêmes pour le bénéfice d »autrui, ca paraît fou non? C’est même drôle que certains (beaucoup?) d’entre nous pensent qu’ils le font à des fins personnelles… Le contraire ne m’avait même pas traversé l’esprit je dois dire.
Le sens de l’efficacité
C’est plus une astuce qu’un gadget, mais il est poussé à un tel point que bon d’accord j’arrête d’essayer de justifier l’ajout de cette partie dans la liste: je voulais simplement dire que je n’ai pas trouvé, au Japon, un seul « non-sens », ce qui est assez rare je pense, parce que si les individus ont du bon sens en général, les sociétés en manquent toujours un peu. En fait, tout ce qui ressemble à du non-sens, au Japon, se justifie par les objectifs que cette société se donne et par son extrême cohérence dans la réalisation de ses objectifs. Par exemple: aux Pays-Bas, comme au Japon, on ne traverse la route que via le passage piéton et si le signal est au vert… Sauf qu’au Japon la densité de population justifie pleinement cette mesure (128 millions d’habitats sur pas beaucoup de kilomètres carrés) alors qu’aux Pays-Bas il y a des Hollandais perdus dans la campagne qui attendent pour traverser des routes.
Je vous donne l’exemple ultime,, Perso ça m’a soufflé les artibuses, accrochez-vous bien: nous étions trois à aller au onsen (une sorte de bain public en extérieur). Nous payons à l’entrée, on nous donne les clefs de nos casiers, des kimonos, des serviettes… Jusque là rien d’ « anormal ». On arrive à nos casiers, fins comme des baguettes vu le nombre de personnes qui fréquentent l’endroit, et là QUE DECOUVRE-JE? QU’APERCOIS-JE-T-ON??? Que la caissière de l’entrée ne nous a pas donné les casiers n°141, 142 et 143 mais les casiers n°141, 143 et 145… Vous trouvez pas ça dingue?? Ca veut dire qu’elle a été capable de théoriser que, puisque nous venions en groupe, nous utiliserions nos casiers en même temps, ce qui n’aurait pas été pratique s’ils se suivaient. Alors elle nous a donné de l’espace: effectivement, nous pouvions ouvrir nos casiers sans gêne, ce qui n’aurait pas été possible autrement. Le genre de chose que je n’ai jamais vu en France, où on nous aurait évidemment donné les casiers n°141, 142 et 143… alors qu’un Indien nous refilerait certainement les numéros 141, 498 et 17.
Conclusion: Pourquoi autant de gadgets?
J’ai peut-être découvert ce qui fait la base de la société japonaise… A titre de comparaison, ce qui fait la base de la société française à mes yeux c’est « la rébellion ». Pour les Japonais, je dirais que c’est « la minutie ». En fait les Japonais sont des maquettistes permanents, dans leur urbanisme, dans leurs arts, dans leurs looks, dans leurs manières, il y a une recherche constante d’harmonie et de perfection. Ce sont des passionnés de mécanique, d’origami, et il faut voir avec quelle attention les jeunes Japonaises s’habillent! C’est un truc de malade le nombre de micros détails qu’elles ont sur elles, dans les cheveux, le maquillage, les vêtements, tout… Ca me fait penser qu’un ami d’enfance qui vit en Chine depuis de nombreuses années, m’a dit que le meilleur moyen de propager la culture française en Asie c’était de supporter Vuitton. C’est triste à dire mais il a parfaitement raison, et nos participants à l’expo universelle de Shanghai l’ont bien compris, ce qui fait que notre pavillon est nul, certes, mais sans doute efficace.
C’est intéressant de découvrir qu’elle est la base, la racine d’une société, en un seul mot… Même si mes différents maîtres kung-fu asiatiques m’ont appris à cesser de tout catégoriser. Mais je trouve ça intéressant quand même parce qu’à l’heure où les cultures fusionnent sous l’élan capitaliste américano-occidental, ce qui reste, c’est cette base dont je vous parle. Les compagnies internationales remplaceront peut-être les geishas par des starlettes, mais les deux phénomènes s’adaptent au caractère des Japonais, qui est certes hérité d’une histoire, mais qui est plus solides que les productions culturelles qui émanent de lui et qui, je pense, résisteront longtemps à la mondialisation. Après tout nous sommes encore Gaulois nous-mêmes, les descriptions qu’on a pu faire de ce peuple collant remarquablement avec celles qu’on pourrait faire des Français d’aujourd’hui, comme s’ils avaient su transférer leur esprit rebelle, envahisseurs après envahisseurs, aux habitants de la Gaule.
J’en ai fini avec l’épisode Japon mais une anecdote encore: lors de mon passage à Shibuya, à côté de la statue de Hachiko, ce chien qui attendit onze ans (relire l’article Vivre avec les animaux pendant qu’on y est), devant la gare, que son maître disparu revienne le chercher, et qui est aujourd’hui le carrefour le plus médiatisé au monde (paraît-il) où des milliers de personnes (en fait je connais pas le nombre) attendent que les feux passent au vert pour envahir la rue, des drapeaux japonais s’élevaient au-dessus de la foule, ainsi qu’un camion d’où un homme haranguait ses concitoyens: pour protester contre l’intrusion dans les eaux Japonaises de navires Chinois… Dès que que le feu est passé au vert, tout le monde s’est barré pour aller faire son shopping.
C’est pas plus mal d’un côté… Mon avis est en cours de formation.
Si cela se généralise, nos chambres d’hôtel
actuelles, ou pire nos maisons individuelles, s’apparenteront, aux yeux de nos petits-petits-enfants, à un luxe presque honteux : le luxe de l’espace, d’avoir 5 ou 6 pièces rien que pour
nous et notre famille.