Quel lien y-a-t-il entre Goa et Goldorak me direz-vous ? Que justifie ce titre-jeu de mots à vous en faire perdre les opils ? Désopilant ? Il y a un lien bien sûr, mais j’envisage que les plus lents d’entre vous (et ils sont nombreux) ne percutent pas tout de suite… Le lien c’est que si j’étais le Grand Stratéguerre et que je cherchais la planque de Goldorak, j’irais direct à Goa, étant donné le nombre d’émanations d’essence qu’y contient chaque bouffée d’oxygène (2 pour 3 ; les vétérinaires comprendront).
Bref, Goa est polluée, comme si elle servait de parking à Goldorak, en admettant que Goldorak marche à l’essence, et c’est là que je voulais en venir.
Ce qui est contrariant (je voulais dire « ce qui fait chier » mais relevons un peu le niveau) avec les guides touristiques, c’est qu’ils ne reconnaissent jamais qu’un endroit fait chier. Ils s’arrangent toujours pour mettre en avant les bons côtés mais conseillent rarement : « c’est nul, n’y allez pas ». Il faut dire que les beaux endroits deviennent souvent nuls APRES avoir été mentionnés dans un guide touristique.
Faisant fi de toutes ces contrariétés, l’excellent Nabolo-blog vous propose aujourd’hui le GBUI, ou « Guide du Baroudeur Universel Impérissable » (approuvé par le Conseil de l’écotourisme international), à imprimer gratuitement à partir de chez vous :
Page de Couverture :
Le Guide du Baroudeur Universel Impérissable, par Nabolo (achetez tous son excellent livre à paraître bientôt !), sponsorisé par l’excellent Nabolo-blog (où il n’y a encore rien à acheter mais soyez patients !)
Page 1 :
« C’est nul, n’y allez pas ! »
Page 2 :
« Mais si vous y allez quand même, débrouillez-vous et amusez-vous bien ! »
Quatrième de couv’ (comme on dit dans le jargon des milieux littéraires dont je ferai bientôt un jour parti) :
‘portrait de Nabolo’
Le plus chiant avec Goa, qui ne comporte tout de même pas que des défauts, ça a été d’y aller. 13 heures de bus sur le papier + 3 heures en bonus final à l’arrivée, j’aurais eu le temps de faire un aller-retour pour la France. Mais vrai qu’en avion on n’a pas la chance de croiser des vélo-cyclistes sans tête comme sur les routes de l’Inde où chacun roule du côté de sa convenance à la vitesse qu’il veut. C’est pas beau la liberté ? Le vélo-cycliste dont je vous parle a gouté à la liberté plein pot : son corps était allongé sur sa bicyclette, décapité. Je ne l’ai qu’entraperçu lorsque le bus a ralenti pour contourner l’accident. Il n’y avait pas une trace de sang autour du cou, bizarrement… Alors j’ai voulu être sûr que ce n’était pas un mirage, j’ai demandé à mon voisin, avec qui je bataillais, poils à poils, pour le contrôle de l’accoudoir depuis déjà cinq heures :
– Scuse mais… il ne lui manquait pas la tête ?
– Si, si, confirma-t-il, flegmatiquement.
Je croise souvent, en Inde, des gens à qui il manque des jambes ou des bras, mais la tête c’est beaucoup plus rare. Il faut bien comprendre que traverser une forêt remplie de léopards affamés c’est du pipi de chat, niveau risque, en comparaison de prendre la route avec un chauffeur Indien… Alors qu’on peut difficilement les décrire comme un peuple « pressé », les Indiens sont toujours dans l’urgence d’aller quelque part lorsqu’ils sont au volant d’un véhicule à moteur, peu importe qu’il leur ait fallu trois plombes pour démarrer : il faut qu’ils arrivent les premiers. Ca tue.
Je vais vous la faire courte à propos de Goa : ça pue, littéralement. L’air est vicié par des lignes et des lignes de voitures et de scooters qui ne pointillent pas… et on est en basse saison ! Les plages sont pareilles, du moins pour les plus accessibles : l’eau pue l’essence et charrie des morceaux de sac plastique, au milieu de surfeurs des mers qui accumulent les tours sur eux-mêmes, parfois en s’approchant dangereusement des baigneurs… Heureusement que le maître nageur veille : avec sa frite en mousse rose attachée au dos.
Ce que j’ai apprécié à Goa c’est l’arrière pays ; les couleurs, de la nature comme des maisons : rose, orange, jaune, vert ; et les vaches au regard si tranquille, malgré l’agitation… Bref, tout ce qui désintéressait mes camarades Indiens. Eux aiment Goa parce qu’on peut s’y murger comme en Occident, y faire du surf des mers, y danser, etc., tout ce qui n’est pas possible ailleurs, en Inde. Ca peut être un grand malentendu lorsqu’on voyage avec des Indiens : ils vous amèneront voir ce qu’ils trouvent chouette et qui correspond souvent à ce qui vient de l’Ouest alors que vous aimeriez voir ce qu’ils trouvent emmerdant et vieux mais qui n’existe pas chez vous.
Réveillé de bonne heure, ce dimanche matin, par les bruits de vomissements roques provenant d’une chambre voisine, j’ai profité d’avoir la journée devant moi pour enfourcher mon scooter et polluer la campagne où j’ai failli devenir un héros en rattrapant une vache échappée (c’est finalement une vieille dame à la peau fripée qui s’en est sorti mieux que moi) et où j’ai assisté à une fin de messe tout en fanfare dans une église de campagne (la majorité des Goannais sont chrétiens).
Le soir, mes amis Indiens et moi-même avons dégusté d’excellents fruits de mer (l’autre bon point de Goa !) en regardant le soleil tomber sur l’océan indien et, dans sa chute, se blesser jusqu’au sang (muses, muses ! Ne me laisserez-vous donc jamais en paix ???), dommage qu’un connard de kyte-surfer n’ait pu se retenir de passer et repasser devant en détruisant les fonds marins… Mais qui sait ? Il s’agit peut-être d’un philosophe de l’Aventure en pleine expérimentation ? N’empêche : il n’est marqué nulle part que les philosophes de l’Aventure doivent être solidaires entre eux.
Pour rentrer à Mumbai où je dois demander mon visa pour la Chine, j’ai préféré un autobus avec couchettes. J’ai passé la nuit côté couloir, à m’accrocher à la barre de fer du bord pour ne pas être éjecté du premier étage jusqu’au sol. J’étais sauté comme une crêpe à chaque fois qu’une roue rencontrait un nid de poule… Si souvent que je devrais plutôt dire que j’étais allongé sur la couche lorsque, par surprise, les roues du bus rencontraient un plat : c’était comme voyager en kangourou.
Comme j’ai survécu, encore une fois (je suis un héros) il y aura une suite. Je vous dis donc au revoir et à bientôt, pom ‘ pom’.