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Jéroméo, l’amoureux de l’Aventure | Jay WorldMan

Jéroméo, l’amoureux de l’Aventure est un séducteur-aventurier-trouillard-mythomane qui parcourt le monde à la recherche de mieux. On ne sait pas vraiment quel est son but au départ, et je dois dire qu’il reste à déterminer. Mais il appelle ça l’Aventure, l’Amour, ou les deux. Cette incertitude tient à ses origines et son premier titre de « aventurier de l’amour » remplacé plus tard par « amoureux de l’aventure »… Rétrospective !

En décembre 2010, alors que j’étais au Japon, j’ai écrit à la rédaction de Fluide Glacial pour leur proposer de travailler avec eux. C’est là que la future rédac’ cheffe de Fluide.G a vu le blog et lu certaines de mes aventures d’acteur en Inde. Hop ! C’était parti ! A condition de retravailler tout ça.

Je ne m’attendais pas à ce qu’on me demande de retravailler un texte que j’avais déjà écrit, au sujet d’une de mes aventures, et qu’à titre personnel je ne trouvais pas spécialement comique. C’était une drôle d’aventure, oui (vous pouvez la lire ici) mais pas ce que j’escomptais écrire pour un tel magazine. Alors je me suis longuement demandé ce qu’il pouvait bien y avoir de vraiment drôle là-dedans. J’ai pressé le truc de toute part pour en tirer le jus et un personnage à commencer à sortir des phrases et des mots concassés. il y avait pas mal d’assurance en lui, de ridicule, de la prétention mêlée à de l’auto-dérision…
– Merde, mais c’est moi !
En fait non, pas tout-à-fait, mais une partie en tous cas, une miniature d’une certaine réalité une marionnette à qu’il était envisageable de donner un premier rôle. Encore fallait-il déterminer comment.

C’est Madame .G, rédac’ cheffe du magazine fluide du même nom qui m’a montré. Même si aujourd’hui nous ne travaillons plus ensemble, je dois dire que j’ai appris à son contact. Elle m’a poussé à formater mes textes, ainsi qu’à être plus exigeant en matière d’humour, car « c’est quelque chose avec lequel on ne rigole pas » si l’on veut passer professionnel.
Le Nabolo-blog, à l’origine, c’est simplement le carnet d’un Penseur Contempourien, un truc qui devait me servir à exprimer la foultitude d’idées qui me passait par la tête, avant de devenir ce blog ultra-populaire que tout le monde acclame aujourd’hui (j’y crois à mort). Disons qu’avec cette rencontre et la naissance de Jéroméo, maintenant, je relis mes textes… Et ceux qui concernent Jéroméo sont particulièrement travaillés, même s’ils ne sont pas forcément plus drôles que ceux écrit spontanément, à la volée. L’avantage, c’est que ce formatage donne une impression d’objet fini, qu’on pourrait s’amuser à collectionner. Et pourquoi pas d’ailleurs ? Avec toutes ces anecdotes de voyage, ça me dirait bien de faire une série ou des sketchs, à voir, projet !

Ceci dit, comment distinguer les aventures de Jéroméo des miennes ? Quelles sont les clefs que j’utilise pour faire vivre ce personnage ?Voici quelques notes qui me servent de Mémento:

– le titre de ses aventures est au format « Goldorak », façon « Jéromeo dans… + intitulé du sujet »
– dans sa narration, il s’adresse constamment à une lectrice qu’il appelle « petite » (d’ailleurs il appelle toutes les femmes « petite », pourvu qu’elles soient envisageables)
– il mesure chaque chose à l’aune du danger qu’elle représente
– il a peur de tout et sa moindre confrontation au danger se transforme en un épique exploit
– il ne sait pas qu’il est ridicule
– il cherche obstinément l’Aventure, mais ne la trouve jamais
– il termine toujours ses récits par  » D’ici que je te raconte, petite, rappelle-toi de toujours emprunter le chemin de l’Aventure. Et qui sait ? Il te mènera peut-être jusqu’à moi. With love, Jéroméo, l’amoureux de l’Aventure. Ps : si tu n’aimes pas marcher, mon numéro et mon adresse sont disponibles à la rédaction… »

La difficulté principale fût de trouver un ton qui ne fasse pas trop Franck Dubosc ou Brice de Nice. Mais je crois que le vrai personnage qui a inspiré Jéroméo, inconsciemment et au-delà de moi, c’est celui de « Marco, le globe-trotteur » qui apparaît dans « INDIANA TOM », mon premier roman, dont voici un extrait :


[…] un nouvel Occidental vient s’asseoir à leur table : Marco, de son prénom, qui a fait le tour du monde, Thomas va le découvrir de gré ou de force.

« Les gens comme ça m’énervent.

Marco porte un collier avec des boules, ce collier à boules de surfeurs, de gens qui voyagent, de gens cools. Ce collier que seuls supplantent parfois une dent de requin, ou un coquillage.

Marco donc, a pris une année sabbatique pour faire le tour du monde, façon australienne, façon cool.

Marco est très sympa.

Marco a un carnet de voyage qu’il emmène partout, et notamment lorsqu’il prend le petit déj’ avec des inconnus : il le glisse subrepticement sur la table. Marco peut alors raconter qu’il a passé la veille à dessiner devant tel ou tel bâtiment tellement beau de la ville.

Marco ne quitte pas son carnet, on sait jamais, des fois qu’il ait envie de croquer rapidos la table du déjeuner, un plat ou deux petites cuillères… Bien sûr, on demande à voir son carnet. C’est joli, ça ressemble presque à un carnet d’aventurier, même si Marco est venu en Inde avec British Airways.

Marco a dessiné les pyramides lors de son passage en Egypte, mais pas les nuages de pollution et la ville qu’on voit derrière : non, les pyramides sur son cahier, sont perdues dans le désert, à des kilomètres et des kilomètres de la civilisation à dos de dromadaire. Sur son dessin n’apparaissent pas non plus les files interminables de touristes qui cachent quotidiennement les pieds de la pyramide que Marco semble pourtant avoir reproduits sans difficulté.

D’après Marco, les pyramides sont belles… Delhi est extraordinaire…

Moi je le dis : Delhi pue la pisse et il y a un MacDo dans chaque quartier. Il y a aussi des bons côtés. Il y a les deux.

Outre son collier de perles-coquillages-dents de requin qui me rappelle toujours les faux aventuriers, vrais dragueurs, authentiques Australiens ou pas qu’on peut croiser dans toutes les auberges de jeunesse du monde, comment se fait-il que, quelque part, je déteste Marco ?

Je crois qu’il y a plusieurs raisons à cela. La première de ces raisons, c’est que Marco appartient à un groupe d’individus tout à fait intolérants. Le groupe des gens cools, « pas prise de tête » et qui, injustement, se déclarent eux-mêmes tolérants, tout en criant sus aux voyageurs bourgeois, aux voyageurs des tours organisés et en méprisant tous ceux qui ne voyagent pas comme eux. Ils installent une barrière entre les gens.

Ces porteurs de colliers à boules ont de la tune pour voyager malgré tout. Ils s’en servent simplement différemment et critiquent ceux qui n’ont pas fait les mêmes choix, mais surtout s’en méfient, refusent de leur parler ou d’instaurer un dialogue pour comparer les façons de faire. Ils n’essayent pas non plus de varier les expériences. C’est une première raison pour moi de m’en méfier.

La seconde, c’est que ce sont de gros menteurs.

Que Marco vive son aventure perso dans sa tête, je le respecte totalement. Que Marco se trouve aux pieds des pyramides et que son esprit l’emmène dans un voyage de cinq mille ans en arrière et qu’il passe sa journée à les dessiner, je le respecte totalement aussi, et je l’envie. Mais qu’il glisse sournoisement son calepin sur la table ou ses dessins dans les conversations ; qu’il oublie de mentionner la ville derrière les pyramides ; les arnaques des rickshaws et la merde dans les rues de Delhi c’est de la falsification !

Bien sûr, je ne condamne pas tous les porteurs de colliers à boules. Il y en a peut-être qui trouvent ça esthétique, tout autant qu’il y en a qui s’en servent comme prétexte pour raconter avantageusement leurs histoires et mépriser ceux qui ne cherchent pas à vivre à leur manière. Les diplomates méprisent les routards et les touristes organisés ; les routards méprisent les diplomates et les touristes organisés ; et les touristes organisés eux, ne méprisent personne. Ce sont donc certainement les plus cons mais aussi très certainement les plus gentils.

J’aimerais bien trouver un pays où être con, pauvre, mais gentil permet d’être considéré, ce serait franchement relaxant : la gentillesse et la politesse sont vraiment à la portée de tous… C’est sans doute pour ça qu’elles n’ont jamais été retenues comme critères.

Bref, pour conclure en ce qui concerne Marco, dit « le globe-trotter », c’est un gars qui essaye, comme tous les humains d’ailleurs, d’incarner son personnage idéal, son rôle favori. Pas de souci, chacun fait ce qu’il veut, mais c’est juste un peu chiant quand c’est fait trop au premier degré. »