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C’est mon quatrième jour en Afrique et on est déjà au dixième épisode de cette aventure : balèze ! Et dans cet épisode, y a pas mal de photos, vous pouvez les agrandir en cliquant dessus : c’est la magie. Bon, je vous passe l’histoire de l’omelette aux œufs de la veille, et de l’enfant de huit ans furieux que je lui refuse un dollar et tant d’autres histoires merveilleuses qui font que je suis un héros, ou quasi. 5h du mat’ : le taxi est à l’heure, moi, en avance. Aujourd’hui c’est le grand jour, aujourd’hui je pénètre enfin dans les entrailles du Ngorongoro A MOINS qu’aucune jeep de Mzungun n’accepte de me prendre en route. Suspense. Le taxi m’emmène jusqu’aux portes du parc, à l’intérieur duquel se trouve le cratère. Quand on dit « parc » ça fait tout p’tit mignon comme ça, avec des bancs publics et tout. Mais là il s’agit d’un grand parc qui fait presque quatre fois la taille de certains pays européens !!! (au hasard : le Luxembourg).
La route vers le parc est brouillageuse. Les nuages, si bas qu’on pourrait les toucher si des nuages pouvaient se toucher, se condensent pour pluvioser un peu partout comme des malappris. J’ai croisé Agnès en quittant Karatu, qui elle-même se mettait en route vers son village plus à l’ouest. Embrassades. Je la croyais matinale mais nous ne sommes pas seuls à prendre la route si tôt levés. Assis dans mon taxi, au-delà de la musique locale, que bégaie la radio, et des autocollants de l’équipe de foot d’Arsenal, j’aperçois sur le côté de la route des silhouettes que la brume embrasse de ses bras d’éther, humides et gigantesques comme l’écharpe d’un Dieu de la pluie au pays de l’aurore de merde maintenant ! Mais muses ! Muuuuuuses !! Ne me laisserez-vous donc jamais en paix ??
L’entrée du parc ressemble à un parking. D’ailleurs c’est un parking, entouré d’une végétation luxuriante qui croît de façon très abondante (c’est-à-dire luxuriante). Le taxi me dépose et je paie mais je ne fais pas pipi vu que j’avais déjà fait avant de partir (notez bien que je n’omets aucun détails). Il y a là un garde, un homme qui tient le guichet dans le bâtiment de droite et beaucoup d’eau qui tombe du ciel. Il est 6h16. Je m’abrite dans le bâtiment de gauche pour lire des explications sur le parc, disposées sur les murs autour des cadavres amoncelés d’élégants insectes-feuilles. Toujours pas de jeep à l’horizon. Et si personne ne venait ? Je change de bâtiment pour celui du guichet, où je m’aperçois que j’ai mis toutes les chances de mon côté en ne prenant qu’à peine de quoi payer l’entrée du parc, ayant trop peur de me faire racketter par un quelconque bandit de grand chemin. Un grand singe traverse le parking, un babouin au gabarit de gorille ; des insectes-feuilles planent en bande, et puis deux jeeps débarquent avec plein de Mzungun à l’intérieur…
– Je suis là ! C’est moi ! Nabolo ! m’écriais-je en sautillant à leur approche et tout en faisant des grands gestes des bras (NotaBeneDelaRédaction : il faut distinguer ce qui se passe à l’intérieur du protagoniste des gestes qu’il effectue effectivement à l’extérieur : en l’occurrence Nabolo se contente de briller des yeux, de se mordre légèrement la lèvre inférieure tout en passant une main dans ses cheveux tandis que sa vulve… bon enfin bref.)
Pas de bol : il s’agit de jeeps plein de Mzunguns originaire du bloc de l’est, et ces pourritures de communistes préfèrent rester entre eux, comme me l’indique leur guide tanzanien qui a peut-être des raisons secrètes pour chercher à éviter que je me mêle à eux, nous verrons pourquoi dans quelques épisodes. Aussi, vingt minutes plus tard, lorsque deux Danois de mon âge débarquent à leur tour, je leur demande direct’ à eux, et le fait qu’ils acceptent m’a fait revoir mon jugement sur tous les étrangers qui se massent aux frontières européennes. Ils acceptent de bon cœur, d’autant que ça réduira leur propre frais, car je sue beaucoup quand il fait chaud, mais aussi leurs propres frais : une fois qu’on aura trouvé un distributeur de billets, quelque part, dans la jungle.
Bon je m’arrête là pour aujourd’hui pour vous faire chier, du coup y a pas de photos. Car « qui aime bien, fait chier bien » comme on dit dans les pages centrales du dictionnaire Larousse. Par contre le prochain coup je mets plein de photos, c’est promis !