Je découvre Pékin sans me presser, parce que je bosse comme un fou-sanguinaire sur l’excellent roman que vous allez tous me faire le plaisir d’offrir à vos parents et animaux familiers pour Noël (je veux bien sûr parler de « INDIANA TOM et le rapport de stage perdu » -disponible à la commande-).
Mais mine de rien j’observe mes semblables Chinois dans leurs faits et gestes du quotidien, ce qui m’a permis de rassembler quelques notes, subrepticement, en tapinois (et autres mots marrants qui existent pour de vrai) :
La pharmacie :
Alors la pharmacie chinoise je connais bien (je suis même entré dedans une fois) et c’est pas pareil que chez nous. C’est comme… la-demeure-du-vieux-rebouteux-de-la-forêt-du-village-voisin, mais en super propre. Il y a de larges vitrines sur des établis de bois couverts de petites boîtes et, aux angles, poncés comme des miroirs, des bocaux avec des lézards morts, des hippocampes séchés et d’autres trucs non identifiables qui bleubleuguent dans du formol.
Je me demandais où étaient passés les tigres que je n’avais pas vus en Inde, et j’ai été surpris de les retrouver ici, bien rangés dans leur boîte.
J’ai tenté de prendre une photo de l’ensemble mais des pharmaciennes en tenues impeccables, les mains jointes derrière le dos, me regardaient fixement des quatre coins de la salle… peut-être parce qu’elles se demandaient ce que je cherchais, peut-être parce qu’elles se demandaient s’il restait des bocaux à ma taille.
J’ai fui. Quelle aventure!
La Chinoise qui court :
Dans ma fuite j’ai doublé une Chinoise qui courait, elle aussi. Enfin elle essayait je crois. Apparemment elle était en retard et cherchait à rejoindre une bouche de métro. Je me suis arrêté pour l’observer, tandis qu’elle-même s’arrêtait pour reprendre son souffle et, ce faisant, avancer à une allure normale.
C’est quand elle s’est remise à courir qu’elle a rencontré des problèmes : au lieu de faire de grandes enjambées, elle a multiplié des petits pas furieux, genoux tournés vers l’intérieur, en même temps qu’elle agitait les bras en tous sens, comme pour se débattre contre un mur d’air… Ce n’était pas le mur du son en tous cas. Je ne sais pas si c’est parce que sa tête, suivant le mouvement imprimé au reste de son corps, roulait de gauche à droite en peuffant : « Han ! Aah ! Hmpf !! » qu’elle avait le sentiment d’aller vite, mais je dirais qu’elle se déplaçait 0,8 fois moins rapidement qu’à son allure normale, ce qui est assez frappant « vu de l’extérieur ». Elle n’était pas la seule : d’autres l’imitèrent en voyant la rame approcher et une foule de petites têtes brunes se mirent à remuer sur place.
Le métro :
Puisque j’y étais, tant qu’à faire, autant essayer le métro. Alors là ben rien à dire. Ultra-moderne, ultra-propre, ultra-long avec marquage au sol pour positionner les mecs qui vont monter et guider ceux qui veulent sortir ; annonce audio et TV intégrées comme à Singapour, nickel le truc. Sans aucun intérêt quoi, l’aventure 0. Ca doit même être le seul endroit de Chine où les Chinois ne crachent pas par terre (chose qu’ils font pourtant constamment) : c’est tout aussi bruyant mais ils préfèrent avaler.
Contrastes chinois :
Le deuxième truc qu’on entend le plus souvent, à Pékin, après les crachats et les reniflemages, c’est la mélodie de la « Lettre à Elise » (d’où l’on peut dire qu’il y a des contrastes en Chine). Je ne sais pas si c’est la sonnerie par défaut de TOUS les téléphones portables ou si TOUS les Chinois ont le même goût mais qu’un téléphone sonne et y a pas à chier, c’est la lettre, encore. Elle monte jusqu’à ma fenêtre quand je travaille, elle m’agresse dans la rue, dans le parc… J’en peux plus, j’ai envie de gueuler : « MOZART JE TE HAIS !!! ».
Je m’explique pas encore cette obsession mais je sens que les Chinois ont une relation particulière à la musique classique : les camions-poubelles de Shanghai ne jouent-ils pas la neuvième symphonie de Beethoven ? (c’est l’hymne européen je vous rappelle : à quand la Marseillaise dans les toilettes publiques ?) Je vais enquêter sur le sujet.
Le supermarché :
Le métro m’a guidé jusqu’au supermarché, un « carrefour » typiquement local où j’ai pu me procurer une baguette chinoise et un bon bordeaux chinois pour pousser mon expérience culturelle bien à fond. Il me fallait aussi un nouveau déo, non pas que je pue des bras, là n’est pas la question, mais il me fallait un nouveau déo et donc, comme je ne trouvais pas le rayon, j’ai voulu demander mon chemin. Sauf que là boum, je réalise ô combien toutes les personnes en présence sont chinoises. Je tente ma chance néanmoins, et bien sûr, l’employée à qui je m’adresse ne comprend pas le français (alors qu’on est chez Carrefour, merde !) ni même l’anglais. C’est dans ces moments là que t’as envie de leur dire : « Putain, je me suis fait chier à apprendre l’anglais pendant sept ans alors t’aurais pu faire un effort ! », mais ils ne comprendraient pas… Donc j’ai mimé le type qui s’asperge de déo sous les bras pour découvrir que c’est assez humiliant de mimer le type qui s’asperge de déo sous les bras quand un milliard de Chinois t’observent en même temps (oui : je prends en compte les caméras de « sécurité publique » dans mon calcul).
Taxi-driver :
Comme je le disais plus haut, le métro est très bien… Si ce n’est qu’au lieu d’aller tout droit sous Pékin, il a tendance à tourner autour, ce qui rend le taxi plus efficace, quand bien même il est dix fois plus cher : 2 euros contre 0 euros 20. J’ai donc opté pour le taxi, afin d’éviter que des relents de mon « caprice des dieux » chinois n’incommode mes camarades de rame une fois que je l’aurai fourré dans sa baguette, puis dans ma bouche, et bien que le « caprice des dieux » ne soit pas un fromage qui sente fort, contrairement à ma bouche (je vous ai dit que je n’avais pas pu trouver de déo !).
Il y a des taxi-drivers partout à Pékin. Ils sont efficaces comme des métros et, comme les métros ils ont la télé intégrée dans le siège du conducteur (il n’y passe que des spots publicitaires cependant). Mais avant d’entrer dans le taxi, il faut se soucier de faire comprendre sa destination alors que bien sûr personne ne parle anglais (ce dont je me félicite, en d’autres occasions). A cette fin je dispose d’un petit calepin sur lequel un ami Chinois a dessiné (écrit ?) mon adresse. Ce qui m’ennuie c’est que, pourvu qu’il y ait deux taxi-drivers dans le coin à ce moment, celui auquel je ne m’adresse pas se met toujours à rire. Et ça m’énerve. Le genre de rire qui veut sûrement dire à l’attention de son collègue : « Oh le joli pigeon que tu vas balader ! ». Quoi d’autre sinon ? J’aimerais bien lui poser la question, lui demander :
– Mais pourquoi tu ris, cantonnais ?
Sauf que malheureusement le chauffeur est pékinois, comme la plupart des habitants de cette ville, ce qui fout en l’air ma tentative de jeu de mots. Fichus pékinois ! Vous imaginez ? Une ville entière remplie de pékinois ? Les motocrottes ont du boulot.
woaw, j’aimerais bien tester la chine
… mais une chose que je peux déplorer, c’est que t’as occulté le côté culinaire
qui à mon sens prévaut sur les autres attractions pour touristes
(les geek vont pas en vacances ils utilisent google map et street wiew)
on peut tout voir sur internet, c’est zoliiii, mais on ne peut pas goûter!
et puis le « caprice des dieux » de Danone China, ça fait pas très couleur locale
ah c’est sur comme ça avec les produits manufacturés c’est sur pas de tourista
à quand des recettes exotiques qui me feront sauter le pas, prendre l’avion, m’empifrer
outre cet aspect qui me touchait à l’estom… au coeur
on s’y croirait presque (outre l’aspect de moiteur de cette Mégalopole gigantesque)
j’allais dire « ça sent le vécu » :p
j’imaginais les pharmacies chinoises un peu comme dans les films de kung-fu qui se passent dans les temps… jadis
ah, et puis la sur-consommation de riz inhérente aux pays asiatiques
qui leurs fait avoir les yeux bridés (à force de pousser: imaginez vous leurs constipation constante et le travail sur le trône)
donc je réfute la théorie « beaucoup de pets qui noient, beaucoup de motocrottes »
blague à part, avec un pays aussi ouvert aux commerces extérieurs, mais aussi fermé aux touristes, ils ne doivent pas en voir énormément des « faces de camembert » (on dit bien
« faces de citron », non?)
ouai, y’a pas à dire, je suis tjrs aussi fan de ton écriture. A chaque fois que je lis un de tes articles, j’ai envie de m’exprimer pareil.
Continues comme ça, je doute pas un seul instant que tu sera sun jour invité chez Ruquier! (la consécration!)
T’es pas fou de raconter des trucs pareils par les temps qui courent!
Avec leurs (fausses) annonces publici… euh… journalistiques du 20h au sujet des soit-disants colis piégés, soit-disant trouvés dans les aéroports, soit disant adressés à notre cher (c’est le
cas de la dire) président… On est surveillé!
(oui je suis conspirationniste)
Salut Nabolo,
C’est toujours un plaisir de te lire… Juste une petite modification, « la lettre » à qui tu sais, que tous les Chinois ont comme sonnerie de portable, c’est pas de Mozart mais de Beethoven.
A part ça, je cherche toujours la métaphore des vaches, mais je ne la trouve pas… Mention spéciale pour le vers « tranquilles, résignées, bossues, sacrées et belles » que je trouve
particulièrement harmonieux, à la » les sons et les parfums tournent dans l’air du soir » !
Bonne chance pour la suite.
hi hi hi, ha ha ha….j’adore ton style ! j’ai connu les mêmes expériences que toi hélas je suis loin d’avoir ton talent pour en parler…
hé t oublie que j’habite en Inde! et au fait on a pas droit à un truc qd on écrit un commentaire, et oui les temps sont durs mon bon mossieur
je les réclame !!! La Chine …c’était …la Chine est un pays magnifique, les Chinois sont nos amis, oh putain que je suis contente d’être rentrée en Inde !!! Elle habite Nanchang
?????