Encore un passage que je retire car il ne sert pas directement l’histoire…
La soirée « French-in-India » portait vraiment mal son nom : autour de moi des Suisses, des Allemands… Je savoure une bouffée de houka à l’orange quand l’un d’entre eux me pose cette question, abrupte : « Et vous en France, c’est avec les Algériens que vous avez des problèmes, c’est ça ? » J’ouvre de grands yeux étonnés et lui réponds avec calme que nous n’avons pas de problèmes avec les Algériens, puisque la plupart d’entre eux vivent en Algérie, de l’autre côté de la Méditerranée, mais que les délinquants auquel il était manifestement fait référence sont Français, quelle que soit l’origine de leur grand-père.
« Je sais bien, » rétorque-t-il, « mais ce sont des Algériens, moi ma copine est Française et si elle se fait attaquer je vais pas dire qu’elle s’est fait attaquer par des Français ! »
Je ne comprends pas l’intérêt qu’il y a à utiliser pour des délinquants, un qualificatif inaproprié. Je lui répète que ce qu’il raconte n’a aucun sens puisque les gens dont il parle sont Français, mais…
– C’est débile ce que tu dis, continue-t-il avec cette même finesse dont il avait fait preuve jusqu’à présent, si tu dis, « je me suis fait attaquer par des Français » personne ne va comprendre de qui tu parles !
– Et c’est bien pour ça, réponds-je, que je dirais plutôt que j’ai été « attaqué par des voyous» qui est le qualificatif approprié à ce genre de personnes. Les appeler « Algériens » c’est tout d’abord faux car ils ne le sont pas, c’est ensuite ramener le problème à une nationalité ou une origine ethnique qui n’en est pas la source.
– Tu dis que ça n’en est pas la source mais c’est bien parce que dans leur culture, l’image de la femme est dénigrée que les Algériens se comportent comme ça envers elle.
J’essaie alors de lui expliquer que les viols, les meurtres et les coups de couteau ont toujours existé et que la vraie culture des voyous dont il parle n’a rien à voir avec la culture algérienne mais avec celle de la rue, du béton de cités fortifiées dans lesquelles la France a parqué une partie de sa population et que peu s’accordent à qualifier de « propres à un épanouissement complet ». Pour en finir, j’ajoute encore que la France, contrairement à l’Allemagne, n’est pas, historiquement, un peuple de sang, mais un peuple d’idées qu’on pouvait rejoindre volontairement, et que c’était la raison pour laquelle l’Allemagne, appliquait traditionnellement le droit du sang au don de sa nationalité, et la France celui du sol.
Il se tait enfin quand l’assistance se décide à corroborer mes dires et je lui tends le narguilé.
Ce mec n’est pas raciste. C’est juste comme la majorité des gens, quelqu’un qui n’a pas beaucoup réfléchi à des problèmes qu’il se plait hélas à commenter.
Des racistes en vérité, je n’en ai pas rencontré beaucoup. Ce qu’on appelle à tort et à travers « racisme » c’est de la xénophobie. Il ne s’agit pas d’une théorie complexe et dangereuse sur l’évolution des espèces mais d’un réflexe animal de protection et de crainte vis-à-vis de ce qui est nouveau ou étranger. L’antidote est donc très simple, il suffit de s’habituer pour faire de l’inconnu quelque chose de connu. ça demande juste un peu de temps, patience et conversations font mieux que force ni que rage à ce propos.
Le reste de la soirée s’est écoulé doucement de ma mémoire au moment où le joint a remplacé le narguilé.
j’aime bien cette façon de parler de ce que tu appelles de la xenophobie…qu’on peut appeler aussi « racisme ordinaire »…même si tu dis que ce n’est pas du racisme… tu joues un peu sur les mots.
c’est vrai que c’est un réflexe de défense face à l’inconnu.mais appelons un chat un chat!
Je trouve ce passage interessant… Il ne trouve peut etre pas sa place dans ton roman, mais cela reste une bonne reflexion qui ne me choquerait pas en lisant un livre, même si elle a pas un
rapport direct avec l’histoire.