« Hola todos ! GRUNT Sois puchipuchi ! »
C’est par cette phrase que Mafaldrag avait l’habitude de débuter la plupart de ses interventions. Elle pourrait se traduite en français par : « Salut à tous ! GRUNT Vous êtes choupichoupi ! »
Qui est Mafaldrag ? Mais c’est la dragonne la plus sexy du Monde des Douze bien sûr !
J’ai passé l’année 2007 à Barcelone, où je travaillais mon roman et épuisais mes ressources financières. Une fois achevées (mes ressources, pas le roman), je rentrai en France pour me lancer à la recherche d’un emploi. J’en trouvais un de juriste en entreprise, conforme à ma formation mais pas à mes ambitions. A tout hasard je postulais aussi très spontanément auprès d’ANKAMA, une entreprise touche à tout : du jeu vidéo au dessin animé, en passant par l’édition de bandes dessinées; bref, un gros concentré d’artistes et de talents, une sorte de gigantesque atelier créatif auquel ma formation de juriste ne me prédestinait pas.
Je me suis appliqué sur ma lettre de motivation comme jamais, et je l’ai envoyé en X exemplaires à tous les services d’ANKAMA jusqu’à obtenir un entretien.
Ma lettre de motivation précisait que j’étais un artiste qui n’avait jamais eu l’occasion de le prouver. Dans ma valise que j’emmenais avec moi d’Aix-en-Provence à Roubaix, j’ai donc stocké mes bandes dessinées de CM2, mes projets de jeu de société inaboutis et beaucoup d’espoir. Pour l’anecdote, à la gare de Marseille je suis monté dans un train « arrivé » plutôt que « sur le départ ». C’était la première fois que je voyais un train aussi vide. Il m’a fallu trop de temps pour comprendre… Ayant raté mon train j’ai donc passé la nuit sur place et je suis arrivé à Roubaix le lendemain matin, où j’ai été reçu en entretien par Fulcanelli puis par Emmanuel Darras.
Mon CV plaisait sans qu’on sache bien quoi me proposer, et il fut convenu que nous nous reverrions la semaine suivante… Ah ! Non : ce ne serait pas possible : Emmanuel serait en déplacement, au Salon du Manga de Barcelone. Je sautai sur l’occasion pour proposer mon assistance ! Il me demanda si je parlais espagnol ? Et c’est ainsi que je fus recruté chez ANKAMA en tant que Community Manager de la Communauté hispanophone et que, de juriste en entreprise, je devins la dragonne la plus sexy du Monde des Douze.
Mon objectif premier, comme je l’ai déjà raconté dans l’article au sujet d’Oto Mustam, en tant que Community Manager, ce fut de créer et de consolider une communauté.
La communauté des joueurs hispanophones de DOFUS avait cette particularité d’être internationale, rassemblant des joueurs Espagnols avec ceux des pays d’Amérique latine. Il me fallait trouvait un personnage capable de les rassembler tous. J’ai alors pensé au personnage de Mafalda, héroïne de bandes dessinées connue de tout le monde hispanophone… Don Quichotte faisait trop « cliché ». De plus Mafalda étant une femme, elle serait mieux accueillie d’un public constitué de 80% de garçons.
En découvrant l’illustration d’une « dragueuse » dans la base de données (un des monstres courant du monde de DOFUS) je décidai de l’associer à Mafalda pour en faire une dragonne du nom de « Mafaldrag ». J’avais la possibilité d’utiliser un avatar pour m’incarner en jeu sous une forme légèrement différente des dragueuses classiques : plus grosse et plus jolie.
L’histoire de Mafaldrag :
Mafaldrag est une dragueuse née géante. Persuadée que son obésité vient de sa parenté avec les dragons majeurs qui engendrèrent les dofus -ces œufs magiques que les dragons pondent lorsqu’ils tombent amoureux-, Mafaldrag cherche celui qui saura faire naître chez elle ces sentiments d’amour vrais, susceptibles d’entraîner la pondaison d’un dofus, afin de montrer aux siens qu’elle est une véritable dragonne (plutôt qu’une simple dragueuse avec des problèmes de poids).
Mafaldrag est coquette, elle tente de se donner des airs de grande dame mais n’y parvient que maladroitement. Elle a été mariée 1.921 fois et veuve aussi souvent : ses époux sont tous morts de mort violente, écrasés ou emportés par ses éternuements.
Ne parlant et n’écrivant qu’à peu près l’espagnol, encore moins à l’époque qu’aujourd’hui, j’ai fait vivre le personnage grâce à l’aide de l’équipe de traduction et de deux trouvailles que je leur dois :
- Le « GRUNT » dont Mafaldrag se sert pour ponctuer ses phrases et qui évoque le grognement d’un dragon.
- Le « puchipuchi » (en français : « choupichoupi ») qui met en avant son côté féminin et gnangnan.
Armé de ces deux expressions, j’ai pu animer la communauté hispanophone et créer un engouement autour du personnage, au point que des joueurs se sont déplacés exprès pour la rencontrer lors du salon du manga de Barcelone de 2008. Ce fut aussi ma première expérience de la notoriété que j’évoque dans l’article sur Oto Mustam, une expérience que je suis content d’avoir vécue une fois, puisque toute aventure est bonne à vivre, mais que je n’aimerais pas vivre trop souvent : la notoriété, absolue et irréversible, est un véritable fardeau.
Le personnage de Mafaldrag est le seul personnage « féminin » que j’ai joué à ce jour. Même si je n’ai pas pu me plonger dans le rôle comme dans celui de Falawis Kâ, il est suffisamment original pour m’avoir marqué, d’autant plus compte tenu du contexte. J’y repense aujourd’hui avec nostalgie, même si mon pauvre niveau d’espagnol bridait mes possibilités. Je ne regrette pas en tous cas pas d’avoir abandonné le poste de Community Manager de la communauté hispanophone de DOFUS à Sir-Dal que je crois davantage en phase avec les joueurs.
Voici quelques liens en rapport avec ma vie de Mafaldrag.
>> L’épisode de le « Rayon Cosmique » (animation pour la communauté hispanophone)
>> L’épisode de « A la recherche d’Aldo Rado » (animation pour la communauté hispanophone)
>> Mon interview pour la chaîne espagnole « EliteGamer » (de 11’37 à 17’47 : 6 minutes de torture pour les profs d’espagnol du monde entier)