Ca y est, d’un coup, paf, j’ai réglé le problème au détour d’une conversation. Je sais comment je serai « vieux », et je n’ai plus peur. Comme toujours, c’était de l’incertitude que naissait la crainte. Maintenant je sais comment je serai « vieux », parce que je me suis trouvé un modèle : ma coloc’-propriétaire de ma colocation lilloise.
Quand j’aurai soixante ans et plus, je n’aurai pas d’enfant…
J’adore les enfants. Mais dussiez-vous gérer la planète comme si vous en étiez le créateur, comme si notre monde était une soupe déjà au ¾ rempli de sel, rajouteriez-vous encore du sel dans le potage ? Bien sûr que non. Ca ne vous empêchera pas d’aimer chaque petit grain dont vous connaissez le nom, de même que je vais aimer tous les enfants de mes amis comme j’aime mes amis… Mais la soupe est trop, beaucoup trop salée. Si j’ai la force d’être cohérent avec mes conclusions, avec ce constat auquel je crois, rien ne justifie donc que je me reproduise. Je ne le reproche pas à ceux qui ne partage pas ce constat, et aux autres je les laisse le leur reprocher à eux-mêmes… Pas d’enfants, parce qu’on est trop nombreux et qu’il y a déjà tellement d’enfants sans parents.
J’ai envie de penser le monde comme le chiffre 1 plutôt que 192, et mes enfants comme tous les enfants de la grande communauté humaine : je ne veux pas abonder dans le sens de la cellule familiale, qui sonne comme une prison, ou de la famille nucléaire, qui sonne comme un catastrophe : consomatrice, égoïste, isolante et si facilement manipulable. Je la désaprouverais si j’étais le grand cuisinier évoqué plus haut, alors pourquoi la servir en tant qu’un de ses instruments?
Pas d’enfants, tous les enfants ! Pas de famille, mais une famille. Je l’ai vu au rainbow gathering : c’est possible ; c’est même super extra energisant.
Quand j’aurai soixante ans je connaîtrai des milliers de gens…
Je n’aurai pas d’enfants et pas d’épouse, mais je ne serai pas seul. Parce que j’aurai consacré mon temps à connaître des milliers de gens plutôt que trois + un chien. J’aurai voyagé quand je voudrai et où je voudrai, j’aurai invité et été invité. Je vivrai dans une colocation avec des gens de 40 ans de moins que moi pour partager leur dynamisme, leur goût de la fête et du jeu : de la vie. Parce qu’à leur âge on n’a pas encore trouvé les réponses, et parce que trouver des réponses c’est déjà mourir un peu. Ils m’aideront à comprendre le nouveau présent des années 2040, et moi leurs potentialités futures. On pensera, on débattra, et on sera tous vivants.
Quand j’aurai soixante ans, je serai jeune…
Parce que je n’aurai pas sacrifié ma santé à des obligations illusoires que la société engendre pour asservir l’homme. Parce que j’aurai conservé mes putains de cellules grises en leur épargnant la cage et la roue du hamster qui les épuise sur un répétitif effort quand moi je les aurai promenées partout dans le monde et que je les aurai trempées dans des milliers de conversations différentes menées dans des dizaines de langues différentes : comme autant de bains de jouvence ! Parce que je serai toujours curieux, partant, et, sous des kilos d’arrogance sociale, humble devant l’univers.
Quand j’aurai soixante ans…
Je serai toujours moi, et pas ceux.
Merci Marie-Hélène, grâce à ton exemple l’avenir est plus bleu !