C’est la fin de l’année universitaire et il est probable qu’un de nos excellents lecteurs (au hasard disons toi) soit ou sera bientôt confronté à l’enfer impitoyable des examens. Pour t’aider à décrocher ce diplôme qui t’ouvrira en grand les portes du chômage, l’EXCELLENT Nabolo-blog te dit ce qu’il y a à savoir sur la correction des copies.
Qui corrige les copies ? Comment ? Quelles sont les choses à ne pas faire pour être bien vu de cette bande d’enculés ? Tu le sauras en lisant ce qui suit.
Ce qui suit
Alors pour commencer, ami étudiant, sors-toi bien une idée du crâne : tes professeurs ne corrigent pas tes copies. Ils ne les lisent pas. Ils ne les voient pas. Ils ne les mangent pas ni ne les boivent, ce qui est la pure vérité bien que je me laisse emporter par mon énumération…
« Oui mais dans le règlement y a marqué que y a qu’eux qui corrigent-euh ! »
Que tu es naïf ! Si on ne distinguait jamais les règles de la pratique, le budget de l’Etat serait multiplié par deux, il n’y aurait pas d’accidents de voiture et Marlon Brando mettrait plutôt le beurre sur ses tartines dans « Dernier tango à Paris ».
Pour la correction des copies c’est pareil, le « professeur qui corrige » c’est le principe, et l’exception qui l’a complètement évincé vient du fait que tes professeurs, ces maîtres de conférence qui ont acquis le droit de lire des livres à voix hautes en amphi plutôt que dans des petites classes, en ont chié pour en arriver là : c’est pas pour se taper la lecture de tes passionnantes analyses au lieu de jouer au golf et de baiser leurs femmes (oui, chez moi les professeurs sont exclusivement des hommes qui jouent au golf et baisent leurs femmes – je suis du siècle dernier… mes profs l’étaient en tous cas). Alors crois-moi stp, je sais que la réalité est parfois difficile à admettre, mais ta copie, tes professeurs s’en foutent : eux se contentent de donner leurs consignes aux véritables correcteurs, ceux qui espèrent avoir un jour le droit de vendre des bouquins universitaires hors de prix, mal imprimés et plein de fautes à tes enfants : les chargés de TD.Le chargé de TD est un djeuns qui, bien qu’il porte un costume et te vouvoie, se bourre la gueule, se drogue de temps en temps et tire un coup quand il le peut. Son objectif principal pour « dans la vie » est de sauver les apparences : il doit convaincre le professeur qu’il est digne d’occuper sa place, qu’il est comme lui étant jeune (qu’il se bourre la gueule, se drogue de temps en temps, tire un coup quand il le peut ET qu’il est capable de le cacher aux étudiants comme à l’administration). Lorsque vient l’heure des examens, le professeur va trouver le chargé de TD et lui dit quelque chose qui ressemble à ça :
– Olala ! Il y a beaucoup de copies cette année ! D’habitude je m’en occupe tout seul mais cette fois-ci un coup de main serait le bienvenu…
A ce stade là, le chargé de TD comprend qu’il a l’occasion unique de sucer l’anuque du professeur et lui propose immédiatement son aide, ce que le professeur approuve en déclarant : « J’ai fait pareil quand j’étais chargé de TD », ce qui confirme au chargé de TD qu’il a bien réagi. Ensuite le professeur va trouver ses autres chargés de TD (il en a plusieurs) et leur distribue à chacun une partie du boulot, jusqu’à se débarrasser de la totalité des copies, ce qui lui laisse du temps libre pour jouer au golf et le reste.
Bien sûr, en même temps qu’il leur remet les copies, le professeur remet des consignes à ses chargés de TD. Elles sont de cet ordre là :
– Voilà quatre mots-clefs, tu m’enlèves cinq points par mots-clefs oubliés, mais tu me fais des variations dans les notes pour pas que ça se voit.
– Recale m’en un bon 60%, je te fais confiance, faut juste que je passe pour un prof exigeant.
– Bon courage, on s’appelle !
A partir de là mets-toi à la place du chargé de TD : un mec qui veut juste monter en grade. On n’est pas à l’école, ce type ne te connaît pas, il n’est pas attaché à toi (et même au cas exceptionnel où ça arriverait : les chargés de TD ne corrigent généralement pas les classes dont ils s’occupent eux-mêmes). Son objectif à lui n’est pas de s’impliquer dans ton avenir mais de préparer le sien. Il va donc réagir en conséquence au moment de la correction. On distingue plusieurs tendances, selon les psychologies.
Psychologies du correcteur
Le glandeur : C’est celui qu’on retrouve dans 90% des cas. C’est un futur maître de conférence vu qu’il a exactement la même mentalité que le prof. Il a devant lui un tas de copies qui répètent plus ou moins ce qu’il a appris et répété lui-même pendant les huit dernières années de sa vie. Palpitant ! Il meurt d’impatience à l’idée de se taper une re-re-relecture (nous approfondirons plus loin).
Le méchant : C’est celui qui te voit comme un futur concurrent au poste, ce qui le rend d’autant plus agressif qu’il en a chié à cause de connards comme lui (les méchants font les méchants) pendant des années pour en arriver là. Pas question que qui que ce soit t’estime à sa hauteur, pas question que tu puisses te réclamer du même diplôme que lui, qu’il fasse de toi un égal. Plus il y aura d’étudiants pour dire : « J’ai abandonné ces études, c’était trop difficile ! » plus son propre diplôme prend de la valeur, selon lui. On rencontre des méchants dans 5% des cas. C’est peu, je sais, ceci dit fais gaffe quand même il en suffit d’un pour redoubler trois ans.
Le bon : C’est celui qui fait preuve d’empathie. Il se rappelle de l’époque où il passait ses examens, où il en chiait, comme toi… et se dit qu’y a pas de raison non plus que t’en chies pas un coup tout pareil. En gros le bon chargé de TD, c’est un mauvais chargé de TD… sauf que c’est un bon chargé de TD.
Le juste : C’est une légende, un fantôme : il y a bien le frère d’un pote d’un copain qui l’a eu quand il était étudiant, mais c’était pas dans cette ville, ou pas à la même époque, ou bien il a pris sa retraite depuis… On te promet qu’il a existé mais en fait personne n’est plus sûr : c’est un souvenir déformé.
« Dis-moi Nabolo, compte tenu de ce triste constat, c’est quoi la formule magique pour réussir mes exams…? »
Parce que petite fille, la terre est bien trop jolie, parce que petite fille il y a la jalousie… Mais t’inquiète je te réponds dans une demi-seconde !
Une demi-seconde plus tard : comment réussir ses examens ?
On va se servir des probabilités. La principale : c’est que tu vas tomber sur un chargé de TD glandeur qui va appliquer les consignes du prof en ne lisant ta copie que d’un œil. Et c’est là que mon expérience va t’être utile, puisque j’ai moi-même eu l’opportunité de corriger des copies. Oui cher lecteur, chère lectrice, tu ne rêves pas : et pourtant je n’ai jamais été chargé de TD ! Non, mais j’ai un pote qui l’a été et on était à la bourre au cinéma.
Alors franchement, je te jure que lorsqu’il m’a filé ses copies je les ai accueillies avec les meilleures des intentions, conscient que mes notes allaient changer des vies… Je suis passé par la phase « bon », lisant scrupuleusement les premières copies et tentant de look at the bright side of life à chaque fois ; puis par une phase « mauvais » : parce que je ne voulais pas être injuste avec les premières copies qui étaient plutôt bonnes en mettant les mêmes notes à des copies qui étaient plus mauvaises ; pour finir par la phase « glandeur », ayant relu une vingtaine de fois quasiment le même texte (des mêmes réponses à de mêmes questions) je ne lisais plus que le premier paragraphe : si l’écriture était jolie, que l’étudiant évitait les phrases à rallonge, donnant l’impression qu’il savait où il allait, je balançais des notes de 12 à 16 selon l’humeur et les mots-clefs que mon regard aurait capté. Plus brouillon on passait de 10 à 12 et carrément crado de 8 à 9 (ce fut tendu mais on est arrivé juste après les pubs).
Cette expérience te donne une idée globale de la manière dont sont appréciés tes mois de révisions… Et note que tout ça s’est passé dans la tête d’un mec qui avait les meilleures des intentions et juste une quarantaine de copies à corriger. Tu vois ce que je veux dire ? Bien. Alors comment donner la meilleure impression ? Referme tes bouquins, ça ne sert à rien, d’autant moins que dans deux ans tu auras tout oublié.
Non, ce que tu dois bosser c’est la forme, la seule chose que tu retiendras ta vie durant (le pire c’est que tout le monde s’accorde à le dire) et la seule chose qui compte pour réussir à l’exam, à moins de faire partie des dix premières copies du lot.
1- Travaille ton écriture
Prends carrément des cours, fais de la calligraphie et assures-toi d’écrire droit. L’aspect de ta copie c’est 70% de ta note, peut-être plus. Dis-toi que c’est comme lire dans le cahier d’un de tes potes que DSK a violé une femme de chambre et le lire dans un journal quotidien. Dans un cas t’y crois, dans l’autre t’y crois pas (même si dans les deux cas t’en sais rien).
2- Ne pas faire partie des dix premières copies du lot
Tu ne rends ta copie ni à la fin, ni au début, non. Ton objectif ? Etre noyé dans la masse. Tu dois devenir invisible, inodore : un lézard sur un mur ; une feuille pendue à un arbre… ta copie doit devenir celle qui mérite au moins dix pour éviter au correcteur une pénible entrevue sur le thème du « Pourquoi vous m’avez mal noté ? ».
3- Faire les mêmes six premières lignes que quelqu’un qui sait
C’est la partie ardue. Il faut soit que tu ais bossé un minimum, soit que tu aies une paire de jumelles ou une antisèche toute bête. Mais tu peux aussi préparer des introductions qui pètent chez toi, avant l’examen, les mémoriser et les barder de mots-clefs selon le sujet. Je sais que ça nécessite de bosser un peu (mon système n’est pas parfait) mais c’est pas la mer à boire non plus. Et puis ce système n’est pas là pour que tu sois diplômé sans le mériter, mais pour t’éviter de ne pas être diplômé alors que tu le mérites.
Au pire, si t’as pas ton diplôme, tu t’en fous. Dans ¾ des cas, un employeur ne te demandera pas de le montrer… Il préfèrera estimer ta compétence à l’entretien, et il aura bien raison : c’est à cet exam là que tu dois vraiment te préparer.
Alors profite de la fac pour t’amuser et murir, pour apprendre ce qui te paraît judicieux plutôt que ce qui t’est imposé.
Lire un autre article sur le sujet : réussir sa candidature en entreprise
*Se rappelle d’une jolie soirée avec une non-moins jolie chargée de TD*
* Reviens au sujet*
Perso, j’avais estimé une fois avoir été vraiment mal noté par un prof’ de gestion des entreprises (6/20). J’étais certain qu’il n’avait rien lu du tout. J’avais bossé un seul sujet, celui tombé à l’interro. Coup de chance.
J’ai demandé un entretien, copie en main, j’y suis allé. Il a accepté de me recevoir pour un rattrapage à l’oral 2 heures après sur un autre sujet.
Je me suis dit que j’aurais mieux fait de la boucler, parce que sur un autre sujet, j’étais mort. J’y suis allé angoissé à mort, prêt à voir ma note rabaissée.
On a parlé de mes origines russes, de handball. J’ai eu 13.
Comme quoi, les notes sont justes.
Oh, un autre exemple.
En comptabilité des entreprises. Un rattrapage (j’avais eu 7 ou 8, la meilleure note de l’amphi (350 personnes) était de 12).
Le sujet ? Un QCM vrai/faux, 4 questions à 5 points, pas de pénalités en cas d’erreur. J’ai eu 15, et il y a eu une flopée de 20, y compris un pote qui n’avait pas lu un seul cours et qui a rendu sa copie après les 5 minutes réglementaires.
Pour le mec qui a vachement bossé dessus et qui a eu entre 10 et 12, voilà la justice de la notation quoi.
Mais je suis sûr que toi Nabolo, tu sauras être juste dans l’attribution de mes NABOLO Points !
Exact et je t’en file 2, comme convenu dans le règlement! (+2 parce que c’est un long commentaire, +2 parce qu’il va dans mon sens, contrairement à ceux de Julien à qui je mets un -1 pour qu’il sache que j’ai pas oublié).
Ahahaa! Je prendrai soin de saccager le prochain article, compte sur moi (0, -1, -2, -3, …)!
Ton article m’a bien fait marrer.
Le pire c’est que c’est surement la vérité et que tes conseils sont bons.
Etant prof au collège, quand je me tape 100 copies identiques à corriger, il y a des moments ou je me casse la tête pour bien corriger (quand même, genre au début de l’année) mais le plus souvent, je regarde la propreté, l’écriture, je lis les 2-3 premières phrases en diagonale et je met les points (un peu à l’arrache) pour les différents exercices.
Et effectivement, pour avoir la moyenne, mieux vaut être en plein milieu de la correction.
Car les premières copies, elle te déçoivent TOUJOURS (putapois, c’est petits conio n’ont rien compris au cours en fait!), au milieu tu t’es fait une raison et tu te dis qu’il faut remonter les notes sinon la moyenne de la classe va être désastreuse, et à la fin t’en as ras le troudeballe tu cherches les mots clefs et basta mais quand même, vu que t’en as marre et que tu veux pas être injuste avec ceux du début (et parceque d’ici là t’as déjà atteint ton quota de bonnes notes) ben les notes sont pas top top.
Ah la dure loi du hasard. Y’a plus qu’à prier pour pas être maudit et tomber à chaque fois sur le haut de la pile…
Et ça c’est que pour le collège, quand les interros durent 20 minutes et que les réponses sont assez courtes … alors pour les exams … j’imagine même pas.
(sinon vous pouvez aussi me joindre sur 3615 racontetavieonsenbalance ) ;)
Mais pas du tout Ambre, très beau témoignage qui me rappelle que j’ai totalement oublié d’expliquer comment ne pas arriver en haut de la pile: tu soulèves les copies et tu mets la tienne au milieu.
Voilà, pardon à tous pour cet oubli et encore merci à ce témoignage anonyme qui vous prouve une fois encore que le Nabolo-blog fait mouche (vraiment EXCELLENT ce Nabolo-blog!)
Aucun rapport, mais on fait quoi par contre des professeurs qui prêchent le faux à leurs élèves, et qui du coup se retrouvent justement le cul par terre quand ils apprennent qu’ils n’ont pas eu leurs partiels à cause de çà ?
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