En ce moment, je vis l’aventure de devenir acteur.
Le lundi j’ai des cours « Espaces, corps, mouvements » où j’apprends à décomposer les mouvements de mon corps, à manipuler différents segments de mon anatomie (non : pas la bite).
Le mercredi j’ai des cours « d’impro » où j’apprends à me concentrer sur ce que je fais et ce que font mes partenaires de jeu tout en ayant conscience de ma propre image, de l’impression que je renvoie.
Le vendredi j’ai des cours de « voix et diction » où j’apprends à articuler en répétant des phrases du style : « Dis-moi gros gras grand grain d’orge, quand te dégros gras grand grain gorgeras-tu… etc. » (rien que de l’écrire me fatigue !).
Moi qui avais toujours voulu faire de la bande dessinée j’ai l’impression d’apprendre à dessiner un personnage : sa structure le lundi, son apparence le mercredi et ce qu’il dit le vendredi… J’adore ça, je suis à fond et je suis prêt à tous les efforts pour m’améliorer… d’où une nouvelle aventure qui s’offre à moi, celle d’avoir à prendre soin de mon apparence physique.
Non pas que la chose ne m’ait jamais intéressée auparavant : j’ai déjà pris des douches et j’ai cette petite pince de métal avec lime incorporée qui traîne quelque part dans ma salle de bain… le nom m’échappe mais vous voyez ce que je veux dire. Pourtant, afin de bien lancer ma carrière, je dois désormais passer au « next level », prendre soin de ma peau, de mes cheveux et tout…
La chose n’était pas bien engagée en début de semaine dernière quand un bouton sous-cutané a dégénéré pour provoquer un gonflement paranormal de ma joue droite, lui donnant un aspect plastique et rotondineux (c’est depuis que mes camarades de classe m’appellent « Bogdanov »). Qu’on s’exclame en me voyant arriver le mercredi matin : « Mais… tu t’brosses jamais les ch’veux toi ?! » …m’a incité à réagir.
Du coup, j’ai voulu aller chez le coiffeur.
J’aime pas, aller chez le coiffeur.
J’ai passé quinze coups de fil et sollicité l’avis de nombreuses personnes pour valider mon entreprise… et je suis entré dans le salon de coiffure du coin.
On m’a fait patienter dans le siège à shampooinage… j’avais un miroir en face de moi : de ces miroirs truqués qui rendent toutes les coiffures belles… même la mienne ! Du coup j’ai rappelé tout le monde qui était complètement d’accord qu’aller chez le coiffeur maintenant n’était pas vraiment une nécessité (mes amis sont très conciliants) : j’ai bondi hors du siège à shampooinerie en inventant une excuse bidon.
Quelques minutes plus tard je me retrouve dans la rue à constater que, quand même, c’est de la merde ma coiffure… en tous cas quand tu la vois sur les vitres des voitures ou les vitrines des magasins.
Là dessus j’entre chez « Bio C’Bon » où je tombe sur une vendeuse blonde (comme moi) à qui il me vient l’idée de demander conseil… Et oui, j’ai cru à ce qu’elle m’a dit sans me douter qu’il s’agissait là d’un BIZUTAGE INFERNAL !!!!
Elle m’a parlé de « masque pour cheveux » ça n’avait pas de sens mais ça faisait bien. Elle m’a dit de mélanger un avocat, une banane et un œuf et de me les mettre sur la tête pendant une heure, puis de rincer avec du vinaigre.
J’ai tout bien fait comme elle a dit : mes cheveux on commencé à former une espèce de casque solide sous l’effet de l’avocat et de la banane… Comme j’avais rien à foutre pendant une heure avec mon casque, j’ai voulu prendre l’ordinateur qui se trouvait sur la mezzanine et je me suis cogné la tête au plafond : il y avait de l’avocat partout !
C’est gras l’avocat… quand tu frottes ça s’étale bien. Déjà que ça m’avait pris un temps fou de virer les petits morceaux de banane et d’avocat (parfaite imitation d’un rendu de lendemain de cuite) du miroir et du sol de la salle de bain…
Mais c’est rien comparé au temps qu’il m’a fallu pour me laver les cheveux ! J’ai fini avec le vinaigre, comme recommandé : depuis, je pue.
Le pire, ça a vraiment été pour virer les morceaux de banane qui ont séché dans mes cheveux. J’ai du perdre la moitié de ce qui me restait de tignasse dans l’opération… mais le PIRE du PIRE c’est que, comme j’étais tout nu devant le miroir en le faisant, jetant les morceaux par terre en pensant les balayer ensuite, qu’est-ce que je m’aperçois-je quand j’ai fini de m’épouiller la tête ?! C’est que les morceaux de banane ne sont pas par terre, non : ils ont trouvé refuge, dans mon autre tignasse ! Et ouch : rebelote.
Note pour plus tard : les morceaux de banane mélangés à de l’œuf et de l’avocat, traités au shampooing et au vinaigre sont extrêmement volatiles (et farceurs).
Quand j’ai rejoint mes amies le soir, elles m’ont dit que mes cheveux étaient pourris. Elles les ont lissés avec une machine bizarre que j’ai tout d’abord pris pour un grand ciseaux : à la fin, j’avais l’air d’un lévrier à poils longs.
Pour finir, elles m’ont attaché les cheveux en chignon sur la tête, façon samouraï, et m’ont affirmé que c’était très bien comme ça… en gros : quand on les voyait pas.
Il faut souffrir pour être belle.
Si c’est pour ne pas les voir tu aurais pu te raser complètement ça aurait été plus simple et plus rapide.
On n’est plus dans l’arène mon vieux ! Désormais j’appartiens à un monde complexe et sophistiqué où faire simple et rapide n’a aucune espèce de valeur. ;)